2140 - Transcription de la lettre d’Alexandre Carathéodory à Stéphanos Chryssidhys du 21 Décembre 1888

N. Lygeros

Réservée

            Samos. Le 21 Déc. 88.

Mon cher Chryssidy Effendi.
Je vous envoie une lettre pour le
Mère Impl des Affres Etrangères
pour lui annoncer que le Consul
Allemand de Smyrne m’a fait
savoir officiellement que Mr
Denys Louis Marc avait donné
sa démission de vice-consul Alle-
mand et que cette démission avait
été acceptée par son Gouvernement.
   Vous aurez donc la bonté de
faire remettre cette lettre à son
adresse. J’ajoute que pour le


moment la protection des sujets
Allemands à Samos n’a été
confiée à aucun autre Consul
et que je ne puis vous cacher qu’
il eût été déplorable qu’il en fût
autrement. Voici quelques détails
pour votre gouverne. Les deux
frères Louis Marc, sont l’un
Denys, Consul Britannique
l’autre Constantin Vice-Consul
d’Autriche et de hollande.
Le vice-consulat d’Italie et
le consulat d’Espagne sont
confiés à Mr le chevalier Aristote
Stamatiadhis. A l’exception


donc de la Russie ( qui a confié
la protection de ses sujets depuis
longtemps au Prince et de la
Grèce qui entretient un
consul de carrière et de la France
représentée par un français, les autres
puissances ont confié la pro-
tection de leurs sujets à des
indigènes. Cela serait très satis-
faisant si malheureusement
les Louis Marc aussi bien que
les Stamatiadhis ne se
trouvaient dans une situation
financière réellement indescrip-
tible. Je ne veux rien ajouter
de plus. Vous comprenez le reste.


J’apprends maintenant que des
efforts sont faits pour que
le frère de Denys, Constantin
( le vice-Consul d’Autriche et
des Pays-Bas) soit nommé successeur
de son frère. Ce serait un comble !
En général ces consulats sont recher-
chés par des personnes qui veulent
échapper à la prison ou qui essaient
d’intriguer. Pour les nominations
anciennes nous verrons ce qu’il
y aurait à faire. Quant aux
nouvelles, je ne puis continuer à contribuer à laisser
un système indigne de l’honneur
des puissances et contraire aux intérêts de


la classe la plus indépendante,
celle des pauvres gens.
   Tout cela entre nous.
Mais tâchez de voir Mr Testa
et le mettre sur ses gardes.
Dites-le aussi à Naoum Effendi pour
que vous en soyez prévenus à
tem[p]s.
La nomination de C. Louis Marc
ou de Stamatiadhis serait un
scandale public sur lequel je
ne saurai peut-être garder le
   silence.
Tout cela, je le répète entre nous
et dans l’intérêt de ces mêmes per-
sonnes afin de ne pas faire éclater


l’indignation publique plus tôt qu’elle
ne doit éclater et cela au
sujet d’une nomination de
Grande Puissance.
                                Tout-à-vous
                                Al Carathéodory