2942 - Sur l’absence du syndrome de Lima

N. Lygeros

– Tu ne penses tout de même pas qu’ils tueront les otages.
– Ce ne sont pas des otages, c’est un peuple tout en entier.
– Une enclave humaine ?
– Des esclaves d’un présent omnipotent.
– Ils ne les tueront pas.
– Tu en es certain.
– Ils les laisseront mourir à petit feu.
– Mais pourquoi ?
– C’est une nécessité temporelle et plus spatiale.
– Ce peuple peut-il se libérer ?
– Non, car il a développé un syndrome de Stockholm massif.
– Pourrait-il être sauvé par le syndrome de Lima ?
– Celui-ci est inconnu dans ce pays.
– Je ne saisis pas.
– Les otages valent plus que des humains.
– Tu dis vrai ?
– L’humain n’a aucune valeur. Tout est raison d’état.
– Néanmoins, l’état n’a pas de raison.
– Voilà pourquoi le système est absurde.
– Sans réaliser l’absurdité de cette logique.
– Ils vivront donc…
– Oui mais dans quelles conditions.
– Des conditions nécessaires.
– Sans être suffisantes.
– Proposes-tu quelque chose ?
– La mort.
– Est-ce l’enseignement de la stratégie ?
– Oui.
– Que dit-elle du sacrifice alors ?
– Une mesure parfois nécessaire.
– Même à perte.
– La perte est elle aussi une valeur.
– Seulement il faut savoir la gérer.
– Le sais-tu ?
– Non.
– Alors nous nous sacrifierons.
– Pour un peuple mort ?
– Non pour un peuple à naître.
– Je suis ton homme.