3332 - Attaque latérale et système projectif

N. Lygeros

Pour comprendre le noyau des caractéristiques de l’attaque latérale, il est nécessaire d’étudier les propriétés du système projectif. Ce dernier comporte des éléments intrinsèques qui entraînent la dégénérescence de la structure à laquelle il est affecté. Même si ceci semble négatif du point de vue mathématique, puisqu’il y a une perte d’information du point de vue stratégique ceci peut être exploité pour créer un différentiel cognitif. De cette manière, une partie de l’information peut être cachée et donc rendre invisible à l’adversaire. L’absence d’isomorphisme structurel l’empêche de reconstruire la structure initiale et il ne peut donc préparer de manière adéquate sa défense. La puissance de l’attaque latérale provient justement de la perte d’information provoquée par le système projectif. L’angle d’attaque est tout simplement invisible pour l’adversaire qui a un positionnement frontal. De plus cet angle peut aisément se déplacer tout en conservant son ouverture et changer le point d’impact de la structure défensive. Ainsi l’attaque latérale crée un espace dynamique qui rend la défense statique plus problématique. Cette propriété peut être couplée avec la notion de densité différentielle qui permet d’accentuer le choc de l’impact. Cette accentuation engendre une perforation de la structure. Et ce principe peut s’appliquer en tant que schéma mental à l’utilisation de certains missiles à charge creuse. Ces derniers exploitent d’ailleurs la même propriété du système projectif afin de tromper la défense de la structure attaquée. Et cela permet d’inverser les rapports de force.

L’attaque latérale apparaît comme un moyen de contourner le choc frontal tout en gardant l’efficacité de l’attaque. L’abandon du contrôle du centre n’est donc qu’une manœuvre de diversion. L’attaque latérale ne se concentre pas sur l’espace mais s’enfonce dans le temps. Elle laisse le contrôle de l’espace à l’adversaire mais impose sa suprématie dans le temps. Elle travaille de manière asymétrique sur le couple espace-temps et pour cela elle utilise la composante de la résistance. Car il est nécessaire de résister à l’attaque spatiale afin de déployer par la suite une attaque temporelle. Ainsi la résistance devient une nécessité pour le développement du temps. Cela conduit à une vision cybernétique du timing. Car le choix décisif ne s’effectue que dans le temps sans se contenter du théâtre des opérations. L’opération temporelle est certes plus discrète par nature car elle nécessite un segment temporel. Ce fait ne la rend pas aisément perceptible auprès des observateurs non-initiés. Pourtant l’analyse rétrograde permet d’affirmer son existence même si cela s’effectue a posteriori. Dans tous les cas, les traces temporelles existent et mettent en place des schémas mentaux capables d’engendrer une véritable stratégie temporelle. En changeant de dimension, l’attaque latérale exploite à nouveau le système projectif. L’utilisation de la linéarité du temps offre la possibilité de cacher à l’adversaire les nombreuses facettes d’une stratégie ou la complexité d’un mix stratégique. Si de plus la stratégie s’appuie sur la polycyclicité du temps alors elle active un système temporel projectif qui absorbe les informations et les rend cycliques de manière à ce que l’adversaire ne voit qu’une répétition là ou il y a une redondance, une redondance là où il y a une duplication différenciée.