3926 - Transmissions et transformations de mouvements chez Leonardo da Vinci

N. Lygeros

Dans la structure profonde de la pensée de Leonardo da Vinci, il est nécessaire de mettre les schémas mentaux des transmissions et des transformations de mouvements. En effet, à travers ses manuscrits, il est possible de voir l’importance de ces derniers. Un point fondamental dans l’approche de Leonardo da Vinci c’est la transmission des mouvements via leurs transformations. Dans cette recherche, nous nous apercevons qu’il tente une automatisation des gestes. Sans avoir de source initiale mécanique i.e. indépendante de l’action humaine, il fait son possible pour automatiser le reste à travers les transformations de mouvements. Un exemple tout à fait caractéristique se trouve sur la page suivante.

Sur la partie supérieure, nous avons un tambour activé par une manivelle. Celle-ci est manifestement prévue pour une manipulation manuelle. Elle permet d’engendrer un mouvement circulaire. La rotation du tambour active les cinq crans qui se trouvent sur l’une de ses faces en position de pentagone régulier. Cela signifie que Leonardo da Vinci désire un mouvement régulier. L’explication du choix des cinq crans et non de plus, provient de sa volonté d’engendrer un va-et-vient d’une certaine période. Vu le schéma et le recouvrement du cran inférieur par le bras inférieur de l’axe vertical ainsi que la superposition du cran supérieur sur le bras supérieur, la rotation s’effectue dans le sens trigonométrique pour le manipulateur et donc dans le sens rétrograde pour la partie du tambour que nous observons sur le schéma. En d’autres termes, il s’agit du sens le plus naturel pour un gaucher. Ensuite le mouvement devient pendulaire avant de se transformer en mouvement rectiligne, horizontal. La partie verticale a deux points de contacts plus petits pour diminuer les frottements associés. Le second schéma qui se trouve au centre de la page utilise à nouveau un tambour mais cette fois avec une double série de crans placés sur les deux disques. Chacun d’entre eux comporte neuf crans disposés en polygone régulier. Le mouvement circulaire est analogue au précédent mais la double série de crans permet d’activer de manière plus complexe le mouvement perpendiculaire qui sert d’intermédiaire pour la transmission du mouvement au mouvement rectiligne. La partie la plus importante de ce schéma est justement celle qui effectue le mouvement pendulaire. Celle-ci est supportée par une fourche parallèle. L’élément le plus original est constitué par une double courbure circulaire qui permet de générer graduellement le mouvement pendulaire. Dans cette transmission, le problème semble avant tout théorique même s’il répond à une demande tout à fait pratique. Néanmoins, pour comprendre le substrat de ce schéma mental, il est utile d’examiner une autre page des manuscrits de Leonardo da Vinci qui concerne la défense militaire. Le problème est le suivant : comment protéger les remparts d’une forteresse des attaques effectuées à l’aide d’échelle. Le repoussement des échelles de manière directe ne peut pas être préposé/préparé puisque, comme nous le savons, à l’aide d’exemples historiques, ce système n’est pas robuste. En effet, les défenseurs ne peuvent être à l’abri des flèches des attaquants. Alors que le système prévu par Leonardo da Vinci

grâce à l’utilisation du schéma mental que nous avons analysé précédemment, les transmissions et les transformations de mouvements permettent d’engendrer les mouvements adéquats tout en préservant l’intégrité des défenseurs. Ainsi l’efficacité du schéma mental provient aussi de la robustesse qu’il offre dans un cadre militaire.