685 - Les épées du temps (18)

N. Lygeros
Traduit du Grec par l'auteur

Dans la vieille ville, le temps s’était arrêté et ses épées demeuraient immobiles. Un seul homme pouvait entendre le son de son secret. Son regard ne suivait que les cercles de ses mains. Une étrange loupe sur son oeil droit observait les engrenages cachés du temps. Tout son monde tenait dans une paume, seulement cette paume créait l’univers. Avec précision, sa main touchait le coeur de métal et brisait les limites de la nature comme le lui avaient appris les anciens du pays des montagnes. Auprès d’un autre lac, ils lui avaient enseigné les secrets du temps. C’était alors qu’il avait appris que les plus grands voyages étaient immobiles. Le monde entier voyageait sur lui. Et lui, immobile avec ses instruments rares, touchait les profondeurs du temps. Là-bas il rencontra pour la première fois le terrible voleur. Là-bas se confondirent le grand et le petit monde. C’était comme si l’un attendait l’autre. La technique embrassait l’art, et l’art le monde. Alors le temps offrit ses épées au voleur. L’un était seul capable de les concevoir, et l’autre seul capable de les manier. Dans ce nouveau combat que livrerait le voleur, il avait besoin de toute la force du temps car il était seul. Pourtant en cet instant, il comprit qu’il serait souvent seul et c’est ce qui arriva. Comme les épées du temps qui déchiraient continuellement le jour et la nuit pour que naissent de nouveaux jours et de nouvelles nuits, ainsi l’âme du voleur déchirait continuellement ses vies. Immobile au sein des vies, l’âme serait la seule qui voyagerait réellement. C’est cela que vit son ami ce jour là, et c’est pour cela qu’il lui avait offert les épées du temps.