853 - L’Union Européenne n’est ni un club ni une multinationale

N. Lygeros

Il est évident que pour certaines personnes le fait d’appartenir à un club surtout si celui-ci est fermé, représente sinon un signe extérieur de richesse du moins un privilège indiscutable. Via cette mentalité, leurs idées créent une sorte de dogme qui engendre des préjugés nuisibles lorsqu’il s’agit de la gestion et plus généralement de l’organisation d’une structure supranationale. Il existe en effet une tendance à considérer les dirigeants des multinationales comme des membres d’un même club car ils ont d’une certaine manière le même type de privilèges. Ainsi cette réalité justifie la tentative, car il s’agit bien de cela, d’aliéner le concept d’Union Européenne.

L’Union Européenne n’est ni un club ni une multinationale. Ses fondements et ses principes sont étrangers à ces entités. Il n’est pas nécessaire d’être un spécialiste pour être convaincu que la notion de club engendre le conservatisme au sens le plus négatif du terme puisqu’il conduit avec le temps à l’inertie noétique. Par ailleurs, même les spécialistes en management stratégique commencent à douter du bien-fondé de la notion de multinationale et proposent déjà celle de métanationale alors comment envisager sérieusement de calquer l’évolution de l’Union Européenne sur ce modèle.

Le problème des créateurs de clubs, c’est qu’ils les dénigrent lorsqu’ils n’en font pas partie et qu’ils tentent systématiquement de les diriger lorsqu’ils en font partie. Le jeu de certains membres de l’Union Européenne est tout à fait révélateur à ce propos. Il est certain que nous pouvons admettre l’existence d’une Europe à deux vitesses si c’est vraiment ce qui est souhaité par les membres. Néanmoins l’Union Européenne doit évoluer dans son ensemble même si pour cela elle doit être souple dans ses manoeuvres. La fluidité est essentielle à une structure afin de lui permettre de dépasser efficacement certaines entraves cependant cela ne doit pas nuire à sa cohésion et à sa cohérence. Les grandes lignes de notre stratégie doivent être établies et suivies. Elles ne doivent pas se contenter et se cantonner à des questions d’ordre économique. L’Union Européenne est un tout qui se doit d’évoluer afin de palier à ses faiblesses inhérentes à sa création et à son historique. Il s’agit d’opérer une véritable unification et non de multiples recrutements et de fusion.