1798 - L’infamie de la barbarie

N. Lygeros

Le président du Comité de Défense de la Cause Arménienne, Harout Mardirossian, a raison de s’insurger contre l’infamie de la barbarie. Selon ses propres mots : « Une fois encore, la mémoire de nos morts est bafouée. » Seulement à l’instar des concepteurs du Mémorial Lyonnais pour le Génocide des Arméniens, nous pensons que le problème est de plus grande envergure car il ne concerne pas seulement le passé mais aussi le futur, car il ne concerne pas seulement les Arméniens mais l’humanité tout entière. Le génocide des Arméniens est un crime contre l’humanité. Aussi en aucun cas, il ne peut être considéré comme un problème strictement communautaire. Le peuple arménien représente un paradigme et non seulement un exemple en matière des droits de l’Homme. Les inscriptions barbares sur le Mémorial ne font que démontrer, une fois de plus si cela était encore nécessaire, l’importance de la lutte pour la reconnaissance. Elles montrent aussi le niveau culturel des profanateurs. Car nous devons être conscients de la bassesse des hommes de main des fanatiques de l’oubli. Ces slogans inscrits à la hâte comme le montre le dégradé de l’encre, ne sont que des preuves de lâcheté. De natures différentes, ces slogans sont de type raciste, révisionniste et nationaliste. Ils couvrent ainsi la palette de la barbarie. Ils montrent à tous et en particulier aux citoyens français, le véritable aspect de nos ennemis, les fanatiques de l’oubli. Par ailleurs, il ne faudrait pas se tromper sur la nature du message, il n’est pas seulement nationaliste comme pourrait le prétendre certains informateurs, il est aussi national. Lorsque nous pénétrons en territoires occupés à Chypre, nous pouvons lire en turc la même inscription. Il ne s’agit donc que d’une transposition du même contenu mais en territoire français. En ce sens c’est aussi une insulte à la langue française que de l’utiliser pour inscrire de tels propos. Le peuple arménien souffre parfois de ne pas pouvoir convaincre les gens neutres de l’importance de sa cause. Aussi il doit subir encore de nos jours, la destruction d’un cimetière ancestral, pour être capable de montrer la barbarie du génocide de la mémoire. A présent, c’est au tour du Mémorial Lyonnais pour le Génocide des Arméniens de subir une profanation pour montrer que l’ennemi est toujours là aussi fanatique et barbare que dans le passé. Aussi il nous faut lutter avec fermeté car il ne s’agit pas d’un dialogue convivial comme certains tentent de nous le faire croire. Cette profanation ne bafoue pas seulement notre mémoire mais aussi le droit. Le génocide des Arméniens a été reconnu par le Parlement Européen en 1987 et par le Parlement Français en 2001. Ces reconnaissances ne sont pas seulement des acquis mais aussi des revendications. Le Mémorial ne doit pas seulement exister mais il doit vivre au sein du nous. Le Mémorial ne doit pas seulement défendre la mémoire des hommes, il doit aussi être défendu par la mémoire des hommes. Cet hommage aux victimes du génocide n’est pas seulement un monument aux morts, n’est pas seulement une stèle funéraire, c’est un véritable lieu de la mémoire de l’avenir. Blessé avant même de naître, il symbolise désormais ces enfants qui ont été retirés des entrailles de leurs mères sauvagement assassinées. A présent, avec les stigmates de la souffrance, le Mémorial révèle pleinement son rôle.