1991 - Transcription de la lettre de A. Carathéodory à Chryssidhys du 25/07/1885.

N. Lygeros

25 Ιουλίου
Εν Σάμω 6 Αυγ. 85

 

Mon cher Chryssidhy
je venais de fermer mon expédition
d’aujourd’hui lorsque je reçus la
visite d’un personnage de ces lieux
qui me fit part d’une lettre que
Gang[h]o lui avait fait écrire et dans
laquelle ce dernier lui faisait dire
qu’il y avait lieu de s’étonner qu’
un autre que Ganghos ait été nommé
aux fonctions de Kapoukéha-
yapsy des Samiens. A cette occasion
la personne en question ajouta qu’
elle pensait que vous pourriez
difficilement vous entendre avec
Gangho et qu’avec les dispositions

———————————————————

qu’on lui connait vous pourriez
avoir des embarras avec lui s’il
venait à être introduit dans la
Chancellerie. Vous savez mon cher
que je vous laisse maître d’agir
avec Ganghos comme bon vous croirez.
Je ne le connais guère, mais ce que
j’entends sur ce [=son] compte n’est guère
édifiant même pour sa conduite
future. Est-ce que par hasard il ne
connaît pas les graves accusations
que l’ex-Prince a fait entendre sur
son compte ? Est-ce qu’il ne sent pas
qu’après cela il ne peut être nommé
au poste de Kapoukéhayapsi ? Que
cette disposition à cabaler peut le
mener à la ruine, mais certes pas au
but qu’il paraît désirer ? Si j’ai

———————————————————

pensé qu’en sa qualité de Samien
échoué à Consple [=Constantinople] il avait plus de
droits qu’un autre à occuper un
poste secondaire dans notre Chancellerie
ce n’est qu’à la condition que vous
trouveriez en lui un subalterne utile,
soumis, empressé, et qui mettant à profit
les rudes leçons de l’expérience essaie-
rait de se réhabiliter dans l’opinion
de ses compatriotes eux-mêmes en
travaillant sous votre direction.
Aussi si jusqu’à l’arrivée de ma
lettre vous ne lui en avez rien
dit, gardez le silence vis-à-vis de lui
jusqu’à ce que je m’informe un
peu mieux auprès de Stamatiadés.
Sinon, et si déjà vous lui en avez touché
quelques mots, vous devrez insister

———————————————————

pour que avant de m’écrire
vous obteniez sa promesse formelle
qu’il ne s’occupera que de son travail.
Je me soucie pour ma part pour
peu de ce qu’il peut penser de nous.
Mais il serait impardonnable de
payer quelqu’un qui prend à tâche
de nous dénigrer. Il n’a qu’à le
faire à ses frais. Et si Ganghos
n’est pas l’homme que nous voulons,
écrivez-moi pour que je vous
envoie quelqu’un qui saura au
moins apprécier le bien qu’on lui
fera.

Tout à vous

A. Carathéodory