2221 - Transcription de la lettre de Baltazzi à Alexandre Carathéodory du 30 Avril 1899

N. Lygeros

                        Lureuil 31 Avril 1899

                                                [Erreur dans le texte, il s’agit du 30]

Mon cher Oncle.

Je Vous ai écrit hier et me re-

voilà aujourd’hui encore la plume

en main honteux de venir ainsi

fréquement Vous ennuyer.

Mais ce matin j’ai eu une lettre

de Sophica me disant que le

ministre de Turquie à Athènes

avait adressé une demande à son

collègue Egertin pour savoir

si Mme Baltazzi Smaragda

était encore en vie ou non.

Cette demande avait déjà été

adressée à une ou deux reprises

et la légation avait toujours

répondu que Mme Baltazzi

était parfaitement bien por-

                                    tante


Lorsque les fils Dem. Baltazzi

ont eu des ennuis avec le fisc

Maman avait dû envoyer une

procuration à ces garçons afin

de pouvoir arrêter les poursuites

que le fisc leur intentait.

Sous prétexte que certains impôts

n’avaient pas été payés, le fisc

avait fait insérer un avis dans

les journaux de Smyrne annon-

çant la vente de Kilik sous

prétexte que certains droits

n’avaient pas été acquittés

et en ajoutant même que la

propriétaire Mme Baltazzi était

morte sans laisser d’héritiers

et qu’en conséquence la propriété

faisait retour à l’état.

J’ai donc pensé que la demande


du ministre se rapportait plutôt

à la propriété de Kilik.

Mais Sophica ajoute que Mr Egertin

demandait à voir les titres de

Macarunia et ceci quoique incom-

préhensible pour moi car je me

demande quelles constatations

Egertin voudrait faire, énervé

comme je le suis, m’a néanmoins

rempli d’inquiétudes.

Je suis à me demander quel coup

imprévu le fisc nous préparerait

et si par hasard il voudrait mettre

la main sur Macaruna à la

suite d’anciennes réclamations

Chalié-Aristide-Spiridon Baltazzi.

Je ferai mon possible pour

partir un moment plus tôt

pour Athènes car si comme je vous


le répète encore une fois, person-

nellement je me consolerai faci-

lement de cette perte, néanmoins

à cause des enfants Rangabé

je suis dans de vraies transes.

Je Vous serre affectueusement

la main et suis Votre tout dévoué

neveu.

                                                EBaltazzi