1167 - Processus de mythification et de déification

N. Lygeros

Pour comprendre le phénomène de déification au sein de la mémoire collective il est nécessaire d’exploiter le processus de mythification. En effet du point de vue sociologique et ethnologique, la création d’un mythe représente aussi un moyen d’unifier le groupe vis-à-vis du monde extérieur. Cependant dans un premier temps il peut s’agir simplement d’une mise en mémoire commune. Le processus de mythification est différent. Celui-ci permet de créer une interface entre le monde extérieur et le monde intérieur. La mythification offre la possibilité d’exprimer l’identité du groupe donné mais aussi de déborder sur le monde extérieur. La caractérisation peut donc ainsi devenir une extension. Via cette dernière elle éloigne le contact avec la source directe et autorise indirectement une déformation de l’information initiale. S’il existe une volonté d’expansion alors on observera une augmentation des effets vis-à-vis des causes et cela causera inexorablement un changement de phase irréversible. En effet dans cette situation le monde extérieur est touché et par conséquent il doit choisir de subir ou de résister. Si la politique interne est agressive alors ce choix n’existera pas de facto. Par contre si le monde extérieur est touché ce n’est pas forcément pour cette raison. En effet la cause peut être indirecte et peut provenir de la pression de la réalité sociale du monde externe qui trouve une échappatoire dans l’alternative proposée par le processus de mythification interne qui apparaît alors comme un moyen de résistance. Dans ce cadre là, nous pouvons inclure les libres penseurs de manière générale mais aussi l’esprit du siècle des lumières de manière spécifique, du moins en France. L’esprit de la Renaissance entre aussi dans cette catégorie puisque l’accès au passé lui a permis de remettre en cause les fondements de la tyrannie du présent. Ainsi peu à peu la notion d’échappatoire peut se transformer en véritable libération via un sauveur et c’est dans cette évolution qu’apparaît naturellement le processus de déification qui correspond à une modification externe. L’impact produit sur l’humanité ne peut plus être expliqué par une simple différence même si manifestement il s’agit d’une expérience qui se déroule dans un cadre strictement humain. Alors l’explication se transforme en exégèse afin de supporter le poids de la modification apportée. C’est pour cette raison que nombre de religions divinisent les intermédiaires qui existent entre l’entité divine et l’entité humaine. Cela leur permet de mieux asseoir leur pouvoir temporel particulièrement s’il s’agit de religions expansionnistes. Sinon il faut bien l’admettre du point de vue humaniste de la chose, il serait préférable de s’en tenir aux caractéristiques humaines qui permettent une identification plus simple et finalement plus sincère.