10487 - Troisième Croisade et connexité de l’espace religieux

N. Lygeros

Un des éléments mis en évidence par la Troisième Croisade c’est la notion de connexité de l’espace religieux et le problème de la rupture de celle-ci dans le Moyen-Orient. Si nous considérons les chrétiens latins, ils constituent un espace connexe et ce dernier s’est agrandi sur la péninsule ibérique au XIIe siècle, tout en conservant sa propriété. Si nous considérons les chrétiens d’Orient, en mettant à l’écart les principautés russes qui sont elles-mêmes d’un seul tenant, nous avons une concentration au niveau de la Grèce qui correspond naturellement à l’Empire Romain d’Orient mais aussi une représentation continue tout au long de la côte d’Anatolie. Quant au monde musulman, il constitue lui aussi un seul bloc qui s’étend via l’Afrique, du sud de l’Espagne au Moyen-Orient. Ainsi la mise en place des trois premières croisades et particulièrement de la troisième consiste en une fragmentation du territoire au niveau du royaume de Jérusalem qui correspond au point de contact des deux entités. C’est à ce niveau que nous observons des ruptures de la connexité et un éclatement des structures locales. Cette rupture entraîne nécessairement des revendications conflictuelles mais aussi la perte de la notion de front et ce malgré la présence de la mer Méditerranée. En réalité la structure locale n’est pas analogue à la structure globale et met en évidence l’importance des places fortes et des poches de résistance. Si de plus nous considérons la présence du désert alors nous comprenons l’importance de la bande de terre qui longe la mer, qui donne l’explication du nombre de batailles dans cette région si restreinte et si stratégique en tant que point critique des structure globales.