1215 - Mémoire Bleue
N. Lygeros
Certaines personnes pensent qu’il est difficile de saisir la souffrance d’un peuple auquel nous n’appartenons pas. Les justes représentent les contre-exemples de cette idée. Leurs existences montrent que l’humanité des hommes permet la compréhension par empathie. Dans le cas du génocide des Arméniens, il existe aussi des Justes. Ils se nomment Lord James Bryce ou Anatole France. Cependant leur nom n’est pas véritablement important. L’essence de leur existence se trouve dans leur action car leur être c’est leur oeuvre. Le premier publia le Livre bleu qui prouve le massacre des Arméniens. Le second fonda avec Georges Clémenceau et Jean Jaurès le journal Pro Arménia. Grâce à eux et à d’autres justes, le génocide a pris une consistance historique incontestable. Ces hommes dont la mémoire est bleue pour supporter la souffrance des peuples sont des exemples à suivre. Non pas pour s’identifier à eux mais pour les aider dans leur travail de juste. Seulement pour cela il est nécessaire de créer un cadre plus général comme le tribunal des peuples ou encore la Cour Européenne des Droits de l’Homme. Sur notre continent, ces entités sont étroitement liées à l’Union Européenne comme le prouve l’histoire du passé mais aussi celle du futur. Car l’Union Européenne se projette dans l’avenir grâce à sa Constitution et à sa charte des droits fondamentaux. Aussi dans notre devoir de mémoire, nous devons garder en tête l’axiologie de notre combat pour la reconnaissance du génocide sans nous laisser influencer à l’aide d’arguments fallacieux qui sont prônés par des personnes qui nient la notion même de génocide. Si nous voulons réellement aboutir à des résultats probants nous devons nous donner les moyens et pour cela l’Union Européenne doit être structurée pour lutter efficacement contre les effaceurs de la mémoire humaine. Le Parlement européen a reconnu le génocide des Arméniens en 1987 et cette décision a influencé de nombreux pays de l’Union Européenne à le reconnaître sur le plan national. De cette manière la structure européenne a servi de cadre catalytique pour cette réaction. A présent, nous devons à nouveau renforcer ce cadre afin d’aller plus loin dans notre engagement. Les pressions orientales se font plus grandes sur les combattants de ce devoir de mémoire et par conséquent nous devons non seulement redoubler nos efforts mais aussi être vigilants afin de ne voir s’étioler les résultats partiels obtenus. Car des manoeuvres erronées peuvent tout remettre en cause quant à l’image vers le monde extérieur. Les justes ne nous demandent pas grand chose, juste un cadre pour effectuer leur oeuvre. La cause arménienne a besoin de l’Europe et l’Europe a besoin de la cause arménienne afin que son combat pour les droits de l’Homme soit encore plus digne, afin que sa mémoire soit bleue.