1219 - L’Argument polonais
N. Lygeros
A partir de certaines déclarations de partis nationalistes au sujet des ouvriers polonais, nous pourrions nous interroger sur le fait de savoir s’ils ont pris connaissance de l’entrée de la Pologne dans l’Union Européenne le 1 er Mai 2004. Cette interrogation pourrait quelque peu surprendre le lecteur, cependant elle est nécessaire vu l’ampleur des dégâts dans l’électorat. Il est tout simplement incroyable que certains électeurs, pour des prétendues raisons sociales, s’en prennent aux ouvriers polonais. En réalité il s’agit non seulement d’un phénomène raciste mais de plus incohérent. Ce racisme n’est pas une chose nouvelle dans certains pays, mais à présent il est tout simplement hors de propos. Comme les Polonais sont des citoyens européens, personne ne pourra les empêcher de se déplacer dans l’Union Européenne. Aussi ce fait ne peut être corrélé avec la ratification du traité pour la Constitution Européenne. Ce dernier ne peut ni empêcher ni renforcer un mouvement libre de la population européenne. Car chaque citoyen européen a les mêmes droits. Il est donc absolument évident que l’argument polonais est utilisé pour faire peur. En réalité cet argument mensonger doit être combattu de manière virulente et cette lutte doit aboutir à un recours concret. Il n’est pas seulement intolérable qu’il soit utilisé pour dénigrer les Polonais mais son exploitation est tout simplement non éthique dans le sens large du terme puisque ici il s’agit en l’occurrence d’une action illégale. Il est vrai qu’elle s’appuie sur l’ignorance des électeurs et confirme l’idée qu’il est extrêmement dangereux d’introduire un référendum pour des questions qui n’appartiennent pas au cadre national. D’où l’intérêt d’avoir un référendum véritablement européen sur l’ensemble des pays de l’Union Européenne et non des référendums nationaux qui sont moins robustes quant aux attaques locales et nationalistes. En effet en faisant voter les Polonais en même temps que tous les électeurs européens, pas un de ces derniers n’aurait été sensible aux arguments racistes avancés. Non pas que cela aurait effacer un racisme latent mais au moins cela aurait permis qu’il ne soit pas utilisé pour mettre à mal l’outil par excellence de la défense des droits de l’homme au niveau de l’ensemble de l’Union Européenne. Néanmoins les faits sont là et nous devons informer les électeurs de chaque pays. Les Polonais sont nos frères européens et il n’y a pas de raison de les blesser. Ils sont avec nous pour construire l’Union Européenne politique.