13383 - Commentaires sur l’espace de Coutau-Bégarie. (avec P. Gazzano)
P. Gazzano, N. Lygeros
Au plan politique, l’espace est un réservoir de puissance, il conditionne la stratégie des moyens.
Cette vision permet de généraliser la notion simpliste de l’espace statique puisqu’elle offre le moyen d’incorporer de la dynamique via la notion de réservoir que nous pouvons interpréter comme un bassin d’attraction de l’attracteur que représente la puissance.
Cette deuxième fonction a toujours existé : la guerre de conquête avait pour but outre le prestige de renforcer la puissance de l’Etat par l’accroissement de son potentiel humain et fiscal.
Cette mise au point, met en évidence un élément essentiel diachronique qui n’est malgré tout pas immédiat dans un premier temps.
Elle faisait surtout sentir son influence quand l’épuisement des belligérants augmentait.
Cette propriété est une forme d’action à distance.
Cette fonction prend de plus en plus d’importance à l’Age de la guerre totale. Elle exerce une influence déterminante, au point d’annihiler une supériorité opérationnelle avec le développement dès le temps de paix.
Via la guerre totale, tout devient extrême car il n’y pas de demie mesure dans cette approche aussi le temps de paix n’est qu’une pause dans un élément dynamique de puissance.
Cette double extension de la stratégie pose en terme nouveaux le problème de la coordination stratégique: coordination entre des forces différentes, et coordination entre des théâtres séparés et des milieux différents.
La négation de la différence temporelle impose la simultanéité puisque l’ubiquité est impossible aussi la difficulté se trouve reportée dans la coordination des mouvements.
Cette coordination est difficile d’autant plus que la dilatation des espaces et l’imbrication des dimensions s’accompagnent d’un raccourcissement du temps. La stratégie doit être réactive à très bref délai.
Le paradoxe provient de l’augmentation de l’espace et de la diminution temporelle, car il y a la recherche de la réactivité pour aboutir à l’efficacité militaire.
La géostratégie peut donc être conçue comme une tentative de théorisation de la stratégie d’action contemporaine. Mais elle peut aussi être une composante de la stratégie déclaratoire.
Dans ce cadre, elle devient dogme et donc moyen d’influence puisqu’elle n’appartient plus au domaine de l’invisible qui est celui qui est naturel pour la stratégie.
La géostratégie est alors un discours de nature plus politique que stratégique. Un déterminisme géographique que se substitue au déterminisme économique ou technique.
Cela lui permet de se transformer peu à peu en géopolitique.
>La question de savoir si l’on peut concevoir une géostratégie non dogmatique n’a pas encore reçu de réponse assurée.
C’est dans cette optique et pour répondre à cette question via une pensée latérale que nous avons développé les schémas mentaux de la topostratégie.