13509 - Sur les principes stratégiques de Coutau Bégarie. (avec P. Gazzano)

P. Gazzano, N. Lygeros

Le problème central et de savoir où aboutit la science stratégique.

Ce problème est vital car il est de nature méta-stratégique et non stratégique.

En tactique, la réflexion débouche sur des règlements, des procédures. En stratégie, rien de tel en raison de la nature spéculative et intuitive de la matière.

Cette différence fait la différence et met en évidence le problème de la systématisation de la stratégie alors que ce processus est naturel pour la tactique.

Il n’y a pas de règles stratégiques immédiatement applicables à une situation donnée. Il y a simplement des orientations générales qui constituent des points de repère pour le raisonnement du stratège.

Nous ne sommes donc pas dans un cadre algorithmique mais bien de raisonnement général ce qui impose une réflexion systématique avant l’application d’un schéma mental stratégique.

Ce sont ces orientations que la science stratégique a théorisées sous l’appellation des principes.

Ces principes ne sont évidemment pas des théorèmes et peuvent donc être remis en cause par une axiomatique différente.

On peut dire que les principes fournissent un étalon universel permettant une évaluation commune des décisions stratégiques.

Dans ce sens, nous avons la notion de benchmark qui même si elle est générique, ne peut résoudre le problème dans le cadre général.

Les principes à eux seules ne constituent jamais une garantie du succès, tant la décision stratégique est dépendante des circonstances de temps de lieu, de rapport de forces matérielles ou morales.

Cette mise au point est nécessaire pour éviter le piège d’une application systématique de principes sans une réflexion préalable.

En revanche, les principes constituent une garantie assez sûre contre les fautes grossières : une décision qui respecte les principes est moins dangereuse qu’une décision qui s’en écarte de manière flagrante.

Cette règle générale est simplement un garde fou, elle ne peut être utilisée comme une conduite à suivre de manière automatique.

Sauf bien entendu, si cet écart a été consciemment calculé : la prise de risque est alors proportionnelle à l’espérance de gain correspondante.

Dans ce cas exceptionnel, il faut remettre en cause les calculs généraux pour ne pas commettre l’erreur de l’imprévisible qui peut être prévisible.