1459 - Neutralisation des extrêmes
N. Lygeros
Le paradoxe des élections allemandes, c’est la neutralisation des positions extrêmes via l’activation des extrêmes. Ainsi il est possible désormais d’interpréter ce cadre comme celui du théorème de la mouche. Les deux grands partis ont tout fait pour se différencier dans leur programme électoral en prenant des risques en matière de politique extérieure. L’un a prôné de manière forcenée l’adhésion de la Turquie dans l’Union Européenne, l’autre un relâchement de l’axe franco-allemand. De cette manière, ils ont créé une divergence dans les points de vue. S’il existe un avantage dans ce type de résultats, c’est que les deux grands partis ne peuvent gérer leur gouvernement à la manière d’un monopole. De plus, comme les alliances classiques ne peuvent fonctionner, dans tous les cas de figure, nous observons un changement de facto. Cela montre aussi le coût politique de l’activation de positions extrêmes. Le plus drôle dans le cas allemand, c’est que ce sont justement les partis extrêmes, minoritaires par définition dans ce modèle gaussien, qui ont absorbé le choc de la population quant à la prise de position. L’intérêt de cette instabilité gouvernementale, c’est qu’elle va créer une stabilité politique. Car le parti qui sera au pouvoir appartiendra à une alliance qui réduira par nécessité ses tendances les plus dures. Par conséquent, nous avons d’une part un affaiblissement du soutien à la Turquie quant à son adhésion contestée qui pourrait se transformer en une demande officielle de partenariat privilégié, et d’autre part un affaiblissement du relâchement de l’axe franco-allemand. En d’autres termes, nous allons retrouver une politique allemande beaucoup plus stable pour ne pas dire conservatrice au sein de l’Union Européenne. Ce phénomène sera de toute façon entamé par la phase intermédiaire qui sera nécessaire à la constitution d’un gouvernement dont la difficulté principale sera la stabilité temporelle. Et ceci ne devra se faire qu’après le vote de Dresde qui représente trois sièges i.e. exactement le nombre qui sépare les deux grands partis. Sans mentionner bien sûr le fait que cette période correspond à celle de la date butoir pour les négociations avec la Turquie. La conséquence sera un ralentissement du processus et une dilatation du temps de la diplomatie. Ce qui, bien sûr va directement à l’encontre de la présidence qui désire des prises de décision le plus tôt possible afin de ne pas avoir des mouvements de résistance qui sont inévitables. Car plus le cas sera traité avec précipitation moins il y aura de contraintes au niveau des négociations. Par contre avec la dilatation, l’organisation d’une résistance effective et efficace est possible. Des problèmes comme celui de la reconnaissance de la démocratie chypriote engendrent déjà des contraintes sur lesquelles peuvent s’appuyer des conduites pour créer des lignes à ne pas franchir dans le cadre des négociations. Cette précipitation vient d’ailleurs de se confirmer via les tentatives de la diplomatie britannique d’influencer le milieu avec le prétendu accord obtenu de concert avec les 25 états-membres de l’Union Européenne. Cette information a été démentie par le membre permanent chypriote de la COREPER. En réalité, il n’y a pas d’accord pour le moment malgré les efforts de la présidence car la situation est tout simplement inacceptable du point de vue des principes européens. Et ceci se combine avec le temps de la diplomatie qui vient d’être dilaté par les résultats des élections allemandes.