1480 - Structures syntaxiques et grammaire générative grecque

N. Lygeros

Le point de vue de Noham Chomsky en matière de linguistique même s’il représente un contrepoint par rapport aux structuralistes, entre dans le cadre de grammairiens universaux et suit des motifs que nous retrouvons chez John Stuart Mill. Car les règles de grammaire sont interprétées comme des formes de langage qui correspondent à des formes de la pensée, en d’autres termes à des schémas mentaux. Aussi il nous semble opportun d’appliquer ce cadre à la langue grecque puisqu’elle comporte dans ses structures syntaxiques des éléments de la logique mathématique avec une grande capacité de création morphosyntaxique. Il est nécessaire dans un premier temps d’étudier le corps grammatical afin de mettre en évidence les structures et comprendre le fonctionnement dans le cadre de la théorie de la grammaire générative. Cela nécessite pour cette langue diachronique une approche globale qui tienne compte de son évolution depuis le mycénien. Certes cette histoire représente au premier abord une difficulté linguistique mais elle n’est pas insurmontable car après examen il est évident que ces contraintes historiques de la langue apporteront des éléments sur sa structure. Même la multiplicité des dialectes antiques peut être interprétée comme des degrés de liberté du point de vue des automates de la grammaire. Car il ne s’agit pas d’effectuer une approche normalisante. La richesse de la construction de la langue grecque ne le leur permettrait pas d’ailleurs. De plus avec l’utilisation du grec ancien qui est plus riche en matière de règles que le grec moderne, il est possible d’interpréter ce dernier dans un cadre formel qui comprend de manière plus efficace les apparentes exceptions actuelles. Ainsi le grec ancien servirait dans cette approche, d’outil formel pour étudier le cadre syntaxique de la langue moderne. En réalité, comme la langue grecque est très riche au niveau du mot déjà, et pas seulement au niveau de la phrase, en raison de la présence de la déclinaison dans les substantifs, cela a pour conséquence directe d’augmenter la complexité de l’analyse en arbre. Ainsi la grammaire générative initialement conçue pour analyser la langue anglaise qui constitue un cas très simple au niveau du mot, pourrait être tester à un niveau plus fin. Cette application serait donc un excellent test pour la grammaire générative qui a déjà fait ses preuves pour une langue comme le japonais qui est radicalement différente de sa base initiale. Enfin comme le grec est une langue indoeuropéenne, même si elle est la seule dans sa catégorie, son analyse et sa composition en terme de grammaire générative permettrait d’expliciter des structures présentes mais non visibles dans d’autres langues qui n’ont pas forcément conservé certains de leurs traits anciens. Ainsi, le grec apparaît être un bon benchmark pour rendre compte de la puissance du formalisme de la grammaire générative. Aussi la construction d’une grammaire générative grecque serait un apport pour les deux domaines car elle ne pourrait être une simple application ni dans un sens ni dans un autre. Quant à l’apport global il est certain qu’il affectera la logique elle-même via la complexité linguistique du problème de la réalisation de la théorie.