1495 - L’esprit combattant de la diaspora
N. Lygeros
Il est tout simplement inadmissible de considérer que l’esprit combattant n’habite pas la diaspora. Et ceci est d’autant plus valable lorsqu’elle est essentiellement constituée de descendants de survivants du génocide. Car le devoir de mémoire dans le cadre de sa reconnaissance est plus important que toute autre contrainte.
Le changement de phase véritable en ce qui concerne la candidature orientale a eu lieu à Helsinki en 1999 et non à Luxembourg en 2005. Cette dernière date n’est que la continuation uniforme de la précédente. Et durant cette période, le problème de la reconnaissance du génocide des arméniens a vécu une évolution médiologique certaine. Il n’appartient plus à un cadre restreint et essentiellement minoritaire. Il constitue désormais un objectif fondamental même pour des hommes qui ne sont pas Arméniens d’origine. La cause principale de cette évolution, c’est justement l’obstination turque à nier le génocide des arméniens malgré les prétendus changements structurels du régime. En réalité, il est de plus en plus visible que ce régime qui prétend avoir des idées progressistes surtout dans le domaine des droits de l’homme, n’échappe pas à la tradition ottomane dont il est la continuation moderne via l’apport de Kemal. Aussi ils ne sont pas peu nombreux les hommes qui se sentent comme des Arméniens face à cet obscurantisme.
Le problème de la reconnaissance du génocide des arméniens a largement évolué et ce, à divers niveaux grâce à la contribution de l’Union Européenne. La reconnaissance du parlement européen en 1987 et la résolution en tant que condition à l’adhésion orientale en 2005 sont des exemples tangibles. Cependant cet apport est bien plus important car l’Union Européenne influence aussi en tant que catalyseur institutionnel via des structures comme la Cour européenne des droits de l’homme qui permet d’effectuer des recours à l’encontre de ceux qui bafouent ces droits. Et la Turquie est sur la sellette depuis quelques années grâce aux recours chypriotes. Ainsi ce type de structures et plus généralement le cadre européen permettent une évolution dynamique du problème de la reconnaissance du génocide des arméniens. Il est vrai que cela pourrait être encore plus efficace néanmoins comme en stratégie nous effectuons notre mission avec ce dont nous disposons et non avec ce dont nous aimerions disposer.
Cette mise au point nécessaire met en évidence la nécessité d’exploiter les infrastructures européennes pour parvenir à l’objectif souhaité et non entendre des voix de lamentations et de protestations futiles envers des faits structurels. L’Union Européenne fonctionne ainsi. Aussi c’est ainsi que nous devons l’utiliser pour faire avancer la cause arménienne. Celle-ci n’a pas besoin d’esprit de contradiction qui n’a de sens qu’au niveau local et politicien. Le cadre doit être global et obéir à une vision commune qui doit s’étendre sur l’ensemble de l’Union Européenne. La cause arménienne a besoin de combattants des droits de l’homme, de guerriers de la paix et non de gémissements. La cause arménienne est un exemple de dignité pour la pensée européenne. Aussi cessons ces remises en question oiseuses sur l’Union Européenne et exploitons à fond toutes les infrastructures de celle-ci. Car l’avenir de l’Arménie historique passe nécessairement par l’Europe.