1540 - De la détermination à l’autodétermination

N. Lygeros

« Sans autodétermination, point de nation. Sans détermination, point d’autodétermination. »

Ces phrases sont simples mais non simplistes. Elles représentent un schéma mental fondamental dans le cadre du droit à l’autodétermination qui est indépendant des structures des partis. Le peuple arménien a besoin de sa patrie historique et non de partis qui se contentent d’exister sans revendiquer l’essentiel. Car sans la revendication, l’existence n’est pas une vie mais une survie sans avenir.

L’autodétermination est un droit fondamental, imprescriptible et inaliénable. Cependant si nous voulons qu’il soit effectif nous devons le revendiquer et cela doit être fait avec détermination. Car le processus est complexe, non pas en raison des problèmes politiques et juridiques qu’il soulève mais des problèmes d’ordre psychologique car il s’agit d’une véritable prise de conscience. Celle-ci rendue difficile par la barbarie du génocide et la dispersion de la diaspora ainsi que le véritable démembrement de l’Arménie historique, est pourtant nécessaire à la notion même d’arménité. Le choc et le traumatisme psychologiques doivent être dépassés pour permettre au peuple arménien de s’épanouir et d’évoluer après cet évènement qui aurait pu être la fin de son histoire. Seulement à travers cette lutte qui va dans le sens de celle de la reconnaissance du génocide, le peuple arménien doit transcender son existence. Car les efforts à produire sont multiples puisqu’ils concernent aussi l’histoire, la langue mais aussi la culture de ce peuple. Si le génocide semble lointain à certains, c’est qu’ils ne savent pas qu’il se poursuit sous différentes formes. Et si nous restons neutres nous devenons complices du génocide de la mémoire, du génocide de la culture. Si nous n’y prenons pas garde des noms aussi célèbres qu’Akhtamar ou Ararat n’appartiendront qu’au domaine de l’archéologie. Mais les églises et les monastères continuent à prier malgré les tortures qu’ils subissent. Et l’autodétermination est un moyen effectif et concret pour non seulement arrêter ce massacre mais pour permettre au peuple arménien de revivre non comme un esclave mais comme un citoyen libre. Car avec l’autodétermination, le peuple arménien qui vit en exil peut se doter d’une structure capable d’exercer une pression afin de remettre en question le traité de Kars qui représente un outrage comme nous l’avons mis en évidence dans un article précédent. Ceci est possible car le peuple arménien n’est pas seulement un peuple de victimes, c’est aussi un peuple résistant comme l’a démontré l’apport d’Artsakh. L’Arménie historique n’est pas seulement un état démembré et une minorité nationale, c’est une véritable nation. Néanmoins cette nation n’est nation qu’en puissance. Car pour que cette nation existe véritablement, la phase d’autodétermination est nécessaire. En parallèle, celle-ci doit s’accompagner de recours à la Cour Européenne des Droits de l’Homme pour non jouissance de droits.

Le problème de l’arménité est multiple même si son noyau est la reconnaissance du génocide aussi il doit être traité de manière globale et même holistique pour qu’il puisse servir d’élément moteur à la cause arménienne. L’autodétermination est un droit mais pour être effectif, il doit être revendiqué par une stratégie déterminée qui ne dépend pas du dogme de l’ennemi.