1543 - Quand tu ne sais plus où tu vas, regarde d’où tu viens

N. Lygeros

A l’instar de la campagne que nous avons effectuée à Chypre, il est nécessaire d’informer l’ensemble des Arméniens sur la possibilité de faire des recours auprès de la Cour Européenne des Droits de l’Homme (voir article Le sens des recours européens). La plupart d’entre eux soit ne connaissent pas l’existence des recours européens, soit pensent qu’ils leur sont inaccessibles. Aussi chaque organisation arménienne doit leur procurer des informations claires et précises.

Les recours sont simples car ils s’appuient désormais sur un précédent (cf. affaire Titina Loizidou contre Turquie) renforcé par le jugement interétatique (cf. affaire Chypre contre Turquie). Ils sont faits à titre individuel. Aussi ils ne nécessitent pas un appareil juridique lourd. Ils ne nécessitent de la part du requérant que les actes de propriété.

Cependant pour le cas spécifique des Arméniens, il existe une difficulté puisque de nombreuses familles ne disposent pas de ce type de documents. Dans le cas chypriote, l’état chypriote a fourni des attestations qui sont juridiquement parlant, équivalentes aux actes de propriété. Cela implique de la part des organisations arméniennes de contacter l’état arménien afin de faciliter la remise de ce type d’équivalence. Par ailleurs, de nombreux Arméniens disposent de documents d’un autre type mais qui sont tout aussi utiles. Il s’agit des documents procurés par les différents Etats où ils se sont exilés et qui attestent de manière indirecte leur provenance officielle et parfois leurs possessions. Ces documents permettent par recoupement d’identifier l’endroit précis de leurs propriétés.

D’autres documents encore peuvent être utiles dans cette recherche, ce sont ceux qui localisent les décès, surtout s’il y a existence d’un cimetière. Dans ce cas, c’est l’église arménienne qui pourra venir en aide dans cette procédure. Nous avons utilisé cette technique à Chypre de manière très efficace car l’église chypriote possède de nombreux documents. Ainsi dans ce combat pour la justice même les morts peuvent aider les vivants. Cela est naturel pour tous ceux qui agissent par devoir de mémoire mais surprend quelque peu les autres. Enfin le traitement doit être géré au cas par cas pour les cas spécifiques. Et cela représentait, entre autres, un des rôles de la Fondation Altroyismos. C’est donc encore un autre point où les organisations arméniennes peuvent être utiles pour la cause.

Il nous faut de plus préciser que le recours ne dépend pas l’état actuel de la propriété. Le seul élément nécessaire pour la Cour Européenne des Droits de l’Homme, c’est de connaître son état au moment des faits. Pour cette mission, dans le cas où il y a absence de documents directs, les corporations d’architectes et d’archéologues peuvent être extrêmement utiles.

Dans cette lutte pour l’avenir du peuple arménien, nous avons besoin de connaître aussi précisément que possible le passé, d’où la nécessité de participer tous à cette campagne d’information.