16553 - La bibliothèque de la connaissance
N. Lygeros
Traduit du Grec par A.-M. Bras
Sans la communication il faut la compréhension.
Il ne pouvait pas être seul.
Il le savait.
Donc il était rare.
Par conséquent les autres existaient.
Non, ils avaient existé plutôt.
Et ils existeraient.
A cause de la vacuité.
Aucun contact.
Seulement des relations.
Des relations humaines avec les livres.
Gravures de la mémoire.
Ainsi il commença à dévorer des livres.
Pas tous, mais beaucoup.
Enormément.
Tant qu’il ne comptait plus.
Cela n’avait pas d’importance.
Choc mental.
Il n’était pas seul.
Il avait des preuves désormais.
Il n’avait pas de parents, seulement des ancêtres.
Avec les livres il avait trouvé les traces de leur existence, des stigmates humains dans l’espace-temps.
Première ramification.
Ce n’était pas un maillon.
Mais une chaîne.
Ce n’était pas des points, mais des nœuds.
Alors il commença à voir la superstructure au-delà de chaque limite.
Il voyait l’image au-delà du kaléidoscope de la réalité. Et la pensée était plus puissante.
Il créait la réalité, mais celle-ci ne pouvait pas produire la pensée. Les contacts étaient des épiphénomènes.
Monadologie.
A l’intérieur de la bibliothèque il ne trouva pas des écrivains, mais les autres, ceux qui avait écrit l’histoire et ne faisaient aucune distinction en fonction de leurs domaines car c’étaient socialement des artifices.
L’essentiel était un et c’était l’Humanité.
Ce qu’il cherchait étaient ses fondations, les stylobates qui soulevaient tout le poids de la lumière dans les ténèbres de l’oubli.
Il ne perdit pas de temps avec les autres.
Il savait qu’ils existaient.
Il savait qu’il savait.
Et il savait qu’ils savaient.
Nouvelles données.
Reconstruction.
Les connaissances n’étaient pas la fin mais le commencement.
Simples composants.
Début de la procédure.
Après l’inventivité.