1734 - Le mémorial de Lyon
N. Lygeros
Les problèmes politiques et diplomatiques que soulève l’érection du mémorial du génocide des Arméniens sont tout à fait révélateurs de la nécessité du combat à mener. De nombreuses personnes pensent qu’il n’est plus nécessaire de créer des monuments qui commémorent le souvenir du génocide. Le mémorial de Lyon représente un contre-exemple à leur thèse puisque sa réalisation constitue un défi non seulement pour les fanatiques de l’oubli mais aussi pour les défenseurs de la cause arménienne. Les contestations qu’il engendre prouvent que sa création est nécessaire. Les mouvements des organisations turques n’ont rien de neutre. Ils sont l’expression d’un négationnisme qui n’est pas seulement latent mais offensif. Car l’existence du génocide de 1915 i.e. l’élimination systématique de 1 500 000 Arméniens n’est pas considéré comme un fait historique. Au contraire, pour les fanatiques de la négation, il s’agit d’une manœuvre de propagande de la part des Arméniens. C’est contre cette insulte que nous devons lutter. Chaque geste, chaque mouvement, chaque monument est un acte de résistance de la mémoire dans une société où dans le meilleur des cas, c’est la neutralité qui est de mise. Même les pouvoirs publics s’ils ne se sentent pas soutenus par un mouvement solidaire envers la cause arménienne peuvent facilement être victimes du fléau de l’élection. Le problème éthique s’il n’est pas soutenu par une cause dynamique, peut facilement être décontextualisé et être intégré dans un cadre électoral. Alors intervient la question de la masse électorale. Et dans ce nouveau cadre, la cause arménienne ne peut lutter contre la masse turque. Il est donc nécessaire de mettre en place un processus légal qui évite cette confrontation. Stratégiquement parlant il s’agit de mettre en place une petite guerre puisque l’affrontement est objectivement asymétrique. La plupart des citoyens français malgré la décision du parlement européen en 1987 et celle de la république française en 2001, n’a pas connaissance du génocide des Arméniens et du problème de sa reconnaissance internationale. Aussi elle ne peut comprendre son enjeu et ses conséquences. C’est donc à nous que revient le rôle d’informer la population française qui est ignorante de l’esprit retors de la politique turque. Le mémorial de Lyon prouve par sa problématique que rien n’est joué et que malgré les nombreuses reconnaissances nationales et internationales du génocide des Arméniens, la politique turque demeure inchangée à ce sujet. Le code pénal de la Turquie est sans doute le meilleur exemple de cette intolérance, seulement il est inconnu en France. Le mémorial de Lyon permet de manière concrète de réaliser la nécessité d’une action soutenue pour la cause arménienne. Notre combat ne se déroule pas dans un univers clos où s’affrontent uniquement deux points de vue différents. C’est une véritable structure ouverte où interviennent de nombreux facteurs initialement neutres qui peuvent sous l’effet de la propagande turque, devenir aisément des systèmes collaboratifs. Les tentatives d’influencer ces facteurs entrent dans le cadre d’une politique coordonnée par l’appareil de propagande turc. Si certains parmi nous n’en étaient pas encore convaincus, le mémorial de Lyon en est la meilleure preuve. Aussi c’est dans la ville de Lyon que nous devons désormais résister !