1853 - Misérabilisme politique et travail de propagande
N. Lygeros
Le projet de loi sur la pénalisation montre d’une part le misérabilisme politique et d’autre part le travail de propagande. La première partie concerne essentiellement des hommes politiques qui usurpent leur titre. Il s’agit avant tout d’individus qui considèrent que les qualités humaines sont un signe de faiblesse et que le monde politique est simplement une gestion orientée du pouvoir. De plus, en exploitant habilement le prétexte du réalisme politique, ils se contentent d’être dans le peloton de la masse sans tenter la moindre échappée. Ils ne gèrent que des affaires d’ordre local et optimisent de cette manière leurs solutions. Toute leur action n’a de sens qu’à court terme. Il s’agit donc d’adeptes de l’opportunisme de masse. Dans ce cadre, leur rôle dans le projet de loi sur la pénalisation ne peut être que néfaste. Ceci a pour conséquence d’activer la seconde partie du problème qui concerne l’aspect médiologique. L’appareil de propagande turc pensant que la décision française sera finalement négative, commence une véritable campagne de désinformation qui a pour but d’exploiter les circonstances et aliéner les interprétations diplomatiques. En mettant en exergue le mécontentement de l’autoritarisme, la propagande pourra affirmer que le résultat négatif provient de son influence. Il est sans doute dangereux de viser cette analyse de données seulement il faut bien voir que l’intérêt n’est dans un premier temps que médiologique. En effet, l’influence directe sur la France comme sur le Canada est pour ainsi dire inexistante. Aussi il est judicieux de montrer la phénoménologie sans l’ontologie puisque elle seule est accessible à la population. De plus, dans un second stade, il est possible de transformer ce résultat médiologique en apport diplomatique puis tactique. Nous voyons donc que la combinaison du misérabilisme politique et du travail de propagande, crée un substrat instable sur lequel aucune relation stratégique ne peut se construire. Par conséquent, toute position neutre vis-à-vis de ces deux approches, est non seulement suspecte mais source de conséquences néfastes dans le domaine géostratégique. Ainsi une problématique strictement d’ordre humain puisque le génocide des Arméniens est un crime contre l’Humanité, se transforme en un problème géostratégique et ainsi d’une certaine manière, elle retrouve son origine. Il faut donc mettre en exergue ce point de vue afin que les responsables ne deviennent pas les coupables. Il faut que les hommes politiques prennent conscience qu’il s’agit pour eux non seulement de représenter la dignité française mais aussi la géostratégie européenne. Certes certains parmi eux ne s’intéressent nullement à la cause arménienne mais celle-ci ne s’appuie pas non plus uniquement sur cette décision. En réalité cette décision affecte la politique française de deux façons. Tout d’abord, la France via la manipulation turque, se décrédibilisera en termes d’état de droit si la décision est négative. Ensuite, du point de vue stratégique, la France subira une défaite diplomatique. Tout le problème du projet de loi sur la pénalisation, c’est qu’une décision négative n’affectera pas seulement une situation locale pour la France mais une vision d’ensemble qui remet en cause notre propre structure alors que l’initiative crée une ouverture.