2047 - La mémoire et le temps
N. Lygeros
Du point de vue humain, nous pouvons interpréter la mémoire comme un morceau d’humanité dans notre intelligence ainsi que nous l’avons montré dans un précédent article. Cette fois, nous désirons montrer des caractéristiques intrinsèques de la mémoire et pour cela nous utiliserons le cadre du temps. Seulement ce dernier sera examiné dans le contexte unifié de l’espacetemps selon la théorie d’Albert Einstein.
Le processus de mémorisation n’est pas nécessairement statique du point de vue temporel. Il constitue une transformation structurée des données. Aussi il est plus adéquat de considérer la mémoire comme de l’espace dans le temps. De manière plus spécifique, la mémorisation engendre une perturbation dans l’écoulement du temps classique et celui-ci ne peut supporter cet enrichissement sans devenir irréversible. Alors qu’a priori la mémoire permet de conserver le passé. En réalité, cette structuration crée de la polycyclicité dans le temps. Sans nécessairement avoir une introduction de la théorie des nœuds, la mémorisation crée des points doubles dans l’espacetemps. Aussi nous avons des phénomènes de duplication comme dans le cadre d’une théorie mentale. Il est alors possible d’interpréter ce phénomène comme une forme macroscopique de synchronisation que nous observons en mécanique quantique avec les bosons. L’espacetemps est non seulement non linéaire mais il est aussi non linéaire même dans le cadre de la parallélisation quand il s’agit d’incorporer la mémorisation. De plus, même si celle-ci semble uniquement locale au premier abord, elle peut facilement être à l’origine d’un processus en cascade qui a des répercussions globales et qui engendre de l’irréversibilité. Même l’effacement de la mémoire ne permet pas nécessairement le rétablissement de la situation antérieure car la modification créée dans l’espacetemps et due à la conservation des données, déplace les évènements temporellement. Même dans le cadre le plus simple et le plus extrême de la copie exacte et inaltérable, la mémoire permet de geler l’action du temps, si elle reste bien sûr dans un cadre qui n’est pas celui de la thermodynamique classique puisque dans ce cas il y a nécessairement apparition d’entropie.
Ce cadre de réflexion est aussi transposable dans la mémoire humaine avec l’apparition des mêmes phénomènes de perturbation. Par exemple le rappel d’un souvenir et donc d’un segment temporel du passé peut modifier l’avenir du présent donné. Nous avons la possibilité de formaliser cela à travers la suite de Douglas Hofstadter puisque la nature de celle-ci gère la notion de perturbation temporelle non linéaire. Il est d’ailleurs remarquable de voir combien cette suite qui est entièrement déterministe peut simuler un comportement chaotique en raison de sa grande complexité apparente. L’augmentation de l’organisation via la complexité de la mémoire met en évidence que le processus de mémorisation peut engendrer de l’irréversible alors qu’a priori sa nature est réversible. C’est l’essence de ce paradoxe qui nous permet d’utiliser le temps plus efficacement à travers la mémoire.