2077 - Problèmes et problématique des Accords de Lausanne
N. Lygeros
Une vision nationale et encore moins nationaliste ne permet pas de rendre compte de la véritable nature des Accords de Lausanne. Certes ces derniers représentent une infamie et ce, à plusieurs niveaux. Certes les problèmes qu’ils soulèvent sont bien plus nombreux que ceux qu’ils résolvent. Cependant quid du statut des Accords de Lausanne. A priori, ils représentent l’état officiel de la situation actuelle. Dans la forme, c’est possible mais sur le fond, ce n’est absolument pas le cas. Les Accords de Lausanne constituent le paradigme d’une signature non appliquée. Ils ont officiellement l’aval des pays suivants : Angleterre, France, Grèce, Italie, Japon, Roumanie, Serbie et Turquie. Aussi nous remarquons l’absence de l’Arménie et ce, même via une signature de l’Union Soviétique de l’époque. L’ensemble de ces pays revendiquent des intérêts souvent contradictoires et parfois complémentaires mais pour ainsi dire jamais identiques. Il est donc prévisible que les équilibres soient difficiles à mettre en place. Par contre, il est possible de mettre en évidence une stratégie de suprématie. Car les Accords de Lausanne n’ont pas de cohérence interne. Aussi, une multi domination est possible sans que cela ne soit gênant pour les autres signataires. Dénoncer les Accords de Lausanne, à moins que ce soit pour une consommation interne, ne peut aboutir directement. Car cela revient à critiquer l’ensemble des pays signataires et donc créer un front uni essentiellement négatif. Il est plus simple de proposer des nouveaux accords après avoir fait table rase des précédents. Cette possibilité est extrêmement difficile à mettre en place dans un cadre strictement nomologique et non polémologique. En d’autres termes, à moins de créer une coalition qui puisse utiliser la guerre comme politique étrangère, cette possibilité demeure improbable. Aussi dans un cadre tel que celui-ci, il est préférable d’être positionnel. Cela mène à la problématique des Accords de Lausanne. En effet, si nous voulons véritablement dénoncer ces Accords, il faut non pas les combattre dans un contexte utopique mais les exploiter dans un cadre paradoxal en argumentant sur le fait qu’ils ne sont pas appliqués par l’ensemble des Etats cosignataires. Nous avons donc un effet d’implosion qui est tout aussi efficace que celui d’explosion. La Turquie ne respecte aucunement les Accords de Lausanne de manière symétrique. Elle se contente des aspects positifs sans appliquer les compromis. En exploitant l’absence de solidarité des Alliés, elle se taille la part du lion dans les Accords. Elle les a maintes fois remis en cause de facto et toujours à son avantage. Les dates les plus dures sont : 1941-1942, 1955, 1964 et 1974. Elle les viole systématiquement pour les îles de Ténédos et d’Imvros ainsi que Constantinople. Elle persécute les minorités nationales et religieuses. Et elle fomente des complots à l’encontre du Patriarcat. Pour l’ensemble de ces raisons, les recours grecs à la Cour Européenne des droits de l’Homme, mettent en place un cadre catalytique quant à la dénonciation globale des Accords de Lausanne. Cette voie est à étudier pour créer une dynamique au niveau de l’Union Européenne dans le cadre des nouvelles négociations.