4033 - Qui se sent coupable se justifie
N. Lygeros
– Pourquoi avoir monté Les Justes d’Albert Camus ?
– Car le contraire aurait été injuste…
– Est-ce une manière efficace de montrer la notion d’absurde ?
– Certainement pas !
– Alors quel est votre objectif ?
– La mise en évidence des limites humaines.
– Dans quel cadre ?
– Dans celui des régimes autoritaires.
– Vous voulez parler des régimes nazi et fasciste ?
– Pas seulement.
– Les régimes communistes aussi ?
– Oui, puisque cela est nécessaire.
– N’est-ce pas un peu trop extrême ?
– D’accuser ces régimes extrémistes, de crimes contre l’humanité ?
– Les fameux génocides …
– Les génocides ne sont pas fameux. Ils sont seulement inhumains.
– Sont-ce là les seules contributions de ces régimes autoritaires ?
– Le terme contribution me semble totalement inadéquat.
– Lequel préférez-vous alors ?
– L’acte criminel.
– Cependant Les Justes d’Albert Camus n’étaient-ils pas des terroristes ?
– Ce serait se méprendre sur les intentions de ce dernier.
– Comment faut-il les considérer alors ?
– Albert Camus a déjà répondu par le choix du titre de son œuvre.
– Ainsi selon vous, Les Justes doivent encore être montées au théâtre.
– Oui, et ce, malgré les malentendus.
– Ces malentendus ne vous gênent pas ?
– Ils ne sont que d’ordre social.
– Aussi ils ne vous dérangent pas ?
– Tant qu’ils ne sont pas d’ordre humain, absolument pas.
– Pensez-vous que votre mise en scène sera comprise ?
– C’est notre unique préoccupation.
– Avez-vous fait quelque chose de spécial dans ce sens ?
– Nous avons incrusté des textes spécifiques dans le texte camusien.
– Sans créer de rupture ?
– Nous avons travaillé dans sa continuité.
– Pouvez-vous préciser cela ?
– La recontextualisation nous a permis de redonner sens à la mémoire et à l’hommage que voulait rendre Albert Camus.
– Le public sera juge.
– Nous sommes déjà condamnés à vivre.