1/ Le 14 Juin 1878 N°4 | Secret et confidentiel. Prière à Serka Effendi de déchiffrer lui-même. Nous venons d’être présentés par notre Ambassadeur à la lettre A. La lettre A nous ayant parlé de notre voyage, je lui donnais des expli- cations pour notre retard et lui ex- primais des regrets de n’avoir pu assister à la première séance. La lettre A nous dit alors vous n’avez pas beaucoup perdu. Cette séance ayant été consacrée pour ainsi dire à de simples formalités. Maintenant, ajouta-t-il, je vais vous parler avec une franchise que vous ne trouverez pas facilement chez un autre. Le congrès se réunit dans un but de pacification. Le traité de San Stéfano a touché aussi à des intérêts Européens qui coïncident avec les votres. Il s’agit aujourd’hui d’en modérer la sévérité. Il y a des sujets du Sultan qui pensent. /. | |
2/ | qu’un conflit Européen pourrait profiter à la Turquie. Si pareille chose arrivait le résultat ne serait pas ce qu’ils pensent. Il ne faut pas se tromper là-dessus. Je lui répondis que S.M et son Gouvernement avaient toujours ardemment souhaité la réunion du Congrès comme moyen d’arriver à la solution pacifique des difficultés qu’ils sont on ne peut plus heureux de voir cette œuvre réalisée sous les auspices d’une grande puissance désintéressée et placée sous la présidence d’un homme dont le nom constitue une garantie de succès des plus précieuses. Reprenant la parole la lettre A revient sur l’idée qu’il existe des sujets du Sultan qui croient qu’en appuyant celui des membres de la Conférence qui pourrait désirer la non réussite du Congrès ils feraient quelque chose. /. | |
3/ | d’utile. Là dessus la lettre A répéta ses précédentes énoncia- tions et ajouta que si par suite de la non réussite du Congrès la guerre venait à éclater entre les puissances Européennes, au bout d’un ou de deux ans de lutte on pourrait s’arrêter à des solutions encore plus préju- diciables à nos intérêts. Je répétai mes assurances sur les intentions officielles de S.M. et de son Gou- vernement en lui affirmant que j’étais certain d’être sur ce point l’interprète de leur véritable pensée, qu’il peut se faire qu’il y eut des individus isolés, qui voyant que le sort qui nous avait si maltraités ne nous avait pas complètement abattus, entretiennent d’autres idées, mais que la Turquie au lendemain d’une guerre des plus douloureuses n’avait jamais pensé qu’elle dût chercher son profit dans un renouvellement des calamités qui venaient à peine de se terminer.. /. | |
4/ | et que le Congrès fournirait bien certainement l’occasion aux plénipotentiaires ottomans de donner des preuves de la vraie pensée de leur gouvernement. La lettre A me parut prendre acte de mes assurances avec une apparence de satisfaction. Comme je n’ai pas pu encore voir d’autres membres importants du Congrès qui la portée de ce qui s’est passé à la première séance n’est pas bien connue, que les esprits ne semblent pas tout-à-fait rassurés et que nous avons avant tout besoin absolu si nous voulons arriver à quelque chose, de nous faire bien venir de la part de la lettre A, j’ai pensé qu’il y avait lieu de ne pas aller plus avant. Notre Ambassadeur me dit que ja- mais la lettre A n’avait encore parlé si ouvertement. Il croit | |
5/ Voir le chiffre | et je partage son opinion, qu’ il serait très utile qu’une réponse de votre Altesse me fournit le moyen de revenir à la première occasion sur les assurances de bonnes dispositions de notre part, afin de parvenir à aborder la nécessité d’inspirer à l’ autre partie des sentiments modérés. L’essentiel est d’ entretenir la conversation directe avec la lettre A qui occupe une position tout à fait extraordinaire. | |