49610 - Sur la solitude

N. Lygeros
Traduit du Grec par A.-M. Bras

Evangéline : J’ai cru que nous étions restés seuls.

Luc : Pourquoi dis-tu ça ?

Evangéline : Parce que je n’ai pas de nouvelles des autres.

Luc : Et qu’est-ce que ça change ?

Evangéline : Les autres veulent aussi s’associer à nos efforts.

Luc : Et ça ne te réjouit pas ?

Evangéline : Je suis contente bien sûr. Un temps. Mais je suis désolée qu’ils ne se soient pas réjouis avant.

Luc : Pense aux autres qui nous ont écoutés et qui veulent maintenant être avec nous.

Evangéline : Il se peut qu’il y en ait d’autres.

Luc : Qu’entends-tu par-là exactement ?

Evangéline : D’autres qui n’osent pas nous approcher parce qu’ils ont honte.

Luc : Pourquoi avoir honte ? Au contraire !

Evangéline : Ils font peut-être des répétitions tous seuls.

Luc : Tu plaisantes

Evangéline : Non, ce n’est pas incroyable. C’est que je ferais si j’étais seule.

Luc : Tu lirais un dialogue toute seule.

Evangéline : Je commencerais par les monologues.

Luc : Et puis ?

Evangéline : Ensuite je ferais sans doute les dialogues.

Luc : Et tu disais qu’on était seuls. Même toi, tu te multiplies ici.

Evangéline : Tu as complètement raison. Un temps. Je n’ai jamais pensé que la multiplication venait de la nécessité.

Luc : Alors que la division ?

Evangéline : C’est un luxe pour ceux qui sont proches.

Luc : Et le partage ?

Evangéline : Cela dépend de la foi.

Luc : Pourquoi dis-tu cela ?

Evangéline : Parce que pour moi ce n’est pas de la division.

Luc : Qu’est-ce que c’est alors ? De la multiplication ?

Evangéline : C’est l’amour qui se partage pour se multiplier.