Télégramme à S.A. le Grand Vézir Berlin, 19 Juin 1878 N° 21 Confidentiel | Voici d’après des informations très officielles sur la réunion d’hier, entre les plénipotentiaires d’Autriche d’Angleterre et de Russie, les points arrêtés après une discussion de quatre heures Les Balkans formeront la ligne de démarcation de la Bulgarie, ils resteront sous la possession militaire exclusive de la Turquie qui pourra les fortifier comme elle l’entendra. La partie sud des Balkans sera administrée par un ou plusieurs gouverneurs nommés par le Sultan sans aucune condition de religion mais pour un temps déterminé, c’est à dire cinq ans sauf crime ou délit. On propose en outre une milice locale et des conseils provinciaux exerçant des attributions admi- nistratives. L’idée générale c’est que ces institutions doivent être de nature à pouvoir être étendues à toutes les provinces de l’Empire. Le Sultan nomme- ra les officiers de tous grades de la milice locale. Les Russes préfèreraient | |
| une division en longueur de la Bulgarie mais ils ont rencontré une opposition décisive. Ils se sont déclarés dans l’ impossibilité d’accepter de si grands changements sans de nouvelles instructions et ont écrit pour cela à l’Empereur. J’ai insisté auprès de Beaconsfield sur la possession de Varna et de son territoire mais l’on me dit que ce sera très difficile à obtenir et on me demande si dans ce cas nous céderions Sofia. J’ai dit que pourvu que la position militaire indiquée par Mehmed Ali Pacha autour de Sofia nous soit conservée c’est un marché sur lequel nous nous entendrions. J’ai dit encore là où il fallait le faire entendre que le terme de milice devait être remplacé par le terme de gendarmerie, de manière que l’organisation militaire proprement dite ne soit pas plus différente dans ces provinces que dans les autres. Je dois en parler ce soir avec Lord Salisbury | |
Pour le chiffre H. Odian | Les Anglais m’engagent toujours à nous entendre au plus tôt avec l’Autriche ; ils y attachent le plus grand prix pour la marche des négociations. Pour ce qui est de la Grèce, Lord Beaconsfield me dit qu’il n’est pas maître du sujet. Il nous dissuade de céder la Crète ; il préfère que nous en arrivions à une rectification sur le Continent ; il m’a dit que l’affaire hellénique doit être arrangée à tout prix, car si après le Congrès un conflit venait à éclater entre la Grèce et la Turquie ce serait une grande confusion. En attendant L. Beaconsfield ajoute que si le Gouvernement mettait immédiatement en pratique des réformes sérieuses cela allègerait de beaucoup les difficultés et il nous engage à nous hâter. J’ajoute que Bea- consfield considère l’organisation projetée pour la province de Roumélie comme compatible avec la Constitution. | |