| Télégramme S.E Mehmed Ali-Pacha
 à
 S. A. le Grand Vézir
 ConstantinopleBerlin, le 29 Juin 1878
 N°66
 pour le chiffre
 H. Odian
 | Dans l’avant dernière séance du Congrès nous avons fait la
 proposition d’arrêter par le
 tracé de la rectification de la
 frontière de Serbie les principes
 généraux suivants:
 1°) que la nouvelle ligne
 frontière soit dans la mesure du
 possible une ligne naturelle et
 stratégique ;
 2°) que la grande route
 de Bosnie se dirigeant de
 Mitrovitza par Novipazar à
 Sjenitza pour aller d’un côté
 par Navivarach à Vichigrad et
 de l’autre par Repol et
 Tachlidjé à Tchaïnitza ainsi
 que le chemin de fer qui reliera
 Mitrovitza à la Bosnie ne
 soient pas détachés du territoire
 ottoman et assez éloigné de
 la frontière pour que la
 sécurité de ces deux grandes
 lignes de communication soit
 garantie.
 3° que les villes de
 Vichigrad, Novivarach,
 Zjenitza, Novipazar, Mitrovitza
 et Pristina soient placées à une
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|  | distance telle de la nouvelle frontière que les conditions de
 leur existence ne soient pas
 compromises ;
 4° que les cazas, Alba-
 nais de Vichetren, Kour-
 choumli, Uzkup et
 Leskovdja ne soient pas
 détachés de l’Empire ; si
 le Congrès décidait d’en
 séparer une partie que le
 défilé de Prepolac/Talitali
 Khan Gretchidij entre Kourchoum-
 li et Pristina et celui de
 Gadelica Dzeva entre
 Leskovdja et Vranja, nous
 restent en tout cas étant
 indispensables pour la
 défense des districts de
 Pristina et Vranja qu’
 alors formeraient de ce coté
 la frontière nord de l’Empire.
 Cette proposition imprimée
 et distribuée aux plénipotenti-
 aires a été insérée au protocole.
 Dans la séance d’hier
 les plénipotentiaires Autrichiens
 ont à leur tour, fait la
 proposition qu’une commission
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|  | dans laquelle, un plénipotentiaire
 entrerait pour chaque Puissance
 serait chargée de formuler un
 traité de frontière pour la
 Principauté. Ils y ont ajouté
 une annexe pour proposer
 un tracé qui donnerait à
 peu près à la Serbie tout
 le territoire qui sur la
 carte de l’état major
 Autrichien marquée par une
 ligne rouge est sensée être
 la limite administrative du
 sandjak de Nich, c’est-à
 dire les Kazas de Nich,
 Urkus, Kourchoumli, Leskov-
 dja, Vranja, Akpalanka
 et Charkeni /Pirot/.
 La première séance de
 cette commission a eu lieu,
 ce matin. J’y étais désigné
 pour représenter la Turquie
 Chouvalof ayant
 présenté quelques considérations
 générales, j’ai soutenu que
 d’après les bases de la paix,
 signées à Andrinople par
 le grand-duc Nicolas, il s’
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|  | agissait pour la Serbie seule- ment d’une rectification de
 frontière et non d’un
 agrandissement territorial.
 Schouvalof me répondit
 qu’après la signature du
 traité de St Stephano il n’y
 avait plus lieu de s’occuper
 des bases d’An-
 drinople.
 Je soutins que le traité
 de St Stefano ne contenait
 que des préliminaires tandis
 que la paix définitive devait
 reposer sur les bases générales
 que le Congrès, dans
 un intérêt Européen, pouvait
 seul changer.
 Schouvalof et après lui
 Hohenlohe ne partagèrent pas
 cette opinion et le plénipoten-
 tiaire français déclarant
 qu’il ne s’agissait pour la
 Commission que de discuter
 l’Art. 3 du traité de
 St Stefano, on passa outre.
 Schouvalof accepta
 entièrement la proposition
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|  | Autrichienne sous réserve que les villes de Pirot et
 Trn/Iznepol/ était bul-
 gares il réservait cette
 question à la décision de
 la commission Européenne
 chargée de faire sur les
 lieux le tracé de détail.
 Le plénipotentiaire Autri-
 chien soutint sa proposition
 par différents arguments
 parmi lesquels celui que la
 possession de Vranja était
 nécessaire à la défense de
 la Serbie, qu’il s’agissait
 de créer un état stable etc.
 Je répondis que j’acceptais
 le tracé Autrichien depuis
 le mont Kanilug jusqu’au
 point où il coupe le tracé de
 St Stefano sur les monts
 Goljak parce que par là nos
 villes de Novipazar, Mitrovi-
 tza et Pristina étaient
 dégagées, nos communications
 avec la Bosnie garanties et
 que la possession du défilé
 de Prepolac nous donnait
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|  | la possibilité d’une bonne défense. J’ajoutai que mes
 instructions ne me permettaient
 pas de consentir à céder
 Vranja, Kumanovo et
 Uskup restant dans ce cas
 à la merci des Serbes. De
 plus, Vranja était indispen-
 sable pour une bonne ligne
 de défense et sur la route
 de Leskovdja à Vranja
 le défilé depuis Gilovan
 jusqu’à Djevo. Je terminai
 en disant que j’en réfèrerai
 à V. A.
 Chouvalof soutint que
 le pays en question était
 cédé par nous à St Stefano.
 Je répondis de nouveau
 que nous discutions précisé-
 ment ce traité préliminaire
 qui se trouvait d’ailleurs
 pour la Serbie, en contradiction
 avec les bases de la paix.
 Les plénipotentiaires
 Anglais, Italiens et français
 n’ont pas dit un seul mot.
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|  | mais ils avaient l’air de ne pas vouloir contrarier l’accord
 Austro-russe.
 On convint de convoquer
 une commission spéciale
 composée d’experts c’est-à-
 dire d’officiers attachés aux
 missions qui discuteraient les détails
 Je déclarais que n’ayant
 pas d’instructions pour
 abandonner Vranja, je ne
 pouvais envoyer aucun
 officier à cette commission
 Je crois qu’on se réunira
 de nouveau demain, et j’
 attends les ordres de la
 S. Porte.
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