Télégramme  à S. A. le Grand Vézir  Constantinople  le 29 Juin 1878  N°69  Pour le Chiffre  H. Odian   Confidentiel | Andrassy, étant venu près  de moi après la séance m’a  dit qu’il était disposé  à étendre la ligne dans  laquelle l’occupation  mixte serait permise du  côté de l’Herzégovine jusqu’à  la rivière de Tara. En  faisant cette concession, me  dit-il, il demande que  V. A m’autorise  à déclarer dans le Congrès  que le principe de l’occupa-  tion de la Bosnie et de l’  Herzégovine par les Autrichiens  est admis et que  pour les détails les deux  gouvernemens s’entendront  entre eux.  Il me vient une idée que  je ne veux mettre ici, en  circulation sans l’autorisation  de V. A mais qui, si elle  était proposée par nous et  rejetée par le Congrès prouve-  rait que les intentions de l’ |   | 
|   | occupation autrichienne vont  au-delà du but humanitaire  qu’on leur assigne. Cette  idée la voici :  le Congrès a admis, au moins  ce point est arrêté  entre les principales Puissances  qu’une Commission européenne  s’occuperait immédiatement  de l’organisation de la  province de la Roumélie  orientale, du rapatriement des  réfugiés etc. C’est cette même  commission que le Gouvernement  devra consulter avant de mettre  à exécution les réformes  à introduire dans les provinces  grecques. Ne  pourrait-on pas proposer, pour  couper court aux reproches d’  impuissance et de négligence  dont on nous accuse et  dont on fait le principal argument  de l’occupation, une commission  européenne spéciale du même  genre pour la Bosnie et l’Herzégovine  pour contrôler l’  exécution des réformes promises  pour la S. Porte ? ne pourrait  on pas même aller plus loin  et dire que ce ne serait que  dans le cas ou cette Commission |   | 
|   | constaterait, au bout d’un  certain temps que la Porte  n’a pas voulu ou n’a pas pu  mettre à exécution les réformes  promises qu’on s’entendrait  sur une occupation qui  n’aurait ainsi d’autre but que  de prêter main forte à la  commission pour la mise à  exécution de ces réformes et  qui cesserait avec la commission  elle-même ?  Je livre cette toute personnelle idée  d’une manière toute confidentielle à l’  appréciation de V. A comme  une issue qui après tout,  de deux choses l’une, ou  elle serait acceptée par le  Congrès, et nous sauverions la  situation ou elle serait  rejetée par le Congrès  en donnant à la  Porte un moyen palpable de  prouver la légitimité de  sa résistance. |   |