Télégramme à | | |
S. A. le Grand Vézir Constantinople Berlin le 1er Juillet 78 N°77 | Dans la séance d’aujourd’hui Lundi, Chouvaloff déclara accepter au nom de la Russie l’occupation de l’enclave située entre le Monténégro et la Serbie par les Autrichiens. On fit entrer les Roumains, Cogalui- ceano lut un mémoire dans lequel il demanda l’indépendance, la conservation de la Bessarabie, une part dans l’indemnité qui sera payée à la Russie, le delta du Danube, et la neutralisation. Après qu’ils se fussent retirés, on décida que leur mémoire serait imprimé et distribué. On reprit la question de l’indé- pendance. Le Congrès ne reconnut cette indépendance qu’ avec la réserve de l’ absolue liberté des cultes et de la parfaite égalité de droits. On s’occupa ensuite de l’affaire de la Bessarabie, pour laquelle on admit qu’elle serait laissée à la condition que la Roumanie prendrait le Delta le Dobrudja l’île des Serpens et une bande de terre comprise entre la limite donnée | |
| à la Dobrudja par le traité de S. Stéfano et une autre ligne allant d’un point entre Rassova et Silistrie jusqu’à Mangalia sur la mer Noire. Je fis alors admettre par le Congrès, la proposition de la capitalisation du tribut, l’ attribution à la Roumanie d’ une partie de notre dette publique proportionnelle aux revenus du territoire qu’elle acquiert, et sa substitution à toutes les charges du gt Impl, pour tous les travaux d’intérès publics dans le Dobrudja (ce qui nous débarrasse de toutes les affaires du chemin de fer de Kustendjé, j’ai fait voir en outre que la clause de l’indemnité insérée dans le traité de S. Stéfano pour la Roumanie n’ avait plus sa raison d’être du moment qu’on avait entendu les Roumains déclarer que la Russie avait | |
| stipulé sans eux qu’ils répudiaient ces stipulations et que même ils réclamaient des indemnités à la Russie, et là dessus le Congrès décida que cette clause d’indemnité serait biffée. J’ ai essayé aussi de faire retrancher le reste de l’article concernant l’assimilation des Roumains aux autres étrangers. Mais Bis marc fit remarquer qu’il valait mieux renvoyer cette clause à la Commission de rédaction. On parla ensuite du Monténégro. Tout l’intérêt de cette question consistant dans la délimitation je parlai assez longuement pour faire voir que d’une part la ligne stipulée dans le traité de S. Stéfano était en contra- diction avec les bases de la paix, qu’il y avait eu erreur due à l’ignorance où l’on se trouvait du véritable état des choses. Je réclamai donc une rectification du tracé de manière qu’il nous | |
| n’empiète pas sur l’Albanie qu’il nous laisse Antivari qu’il ne resserre pas l’enclave encore plus etc. En un mot j’appuyai le mémoire détaillé que nous avions présenté il y a quelques jours sur la délimitation de la Princi- pauté. Le Congrès décida que cette question serait traitée dans la Commission de délimitation qui examinait ou qui était censé examiner le susdit mémoire. Cependant il fut constaté que le report de la Commission de délimitation serait examiné par le Congrès. On admit ma proposition con- cernant la décharge sur le Monténégro d’une partie de la dette publique proportionnelle aux revenus des territoires qui seraient définitivement annexés au Mon- ténégro. On convint de retrancher tout l’art. 2 du traité, à l’ exception de l’alinéa 1er et de la disposition relative à la soumission aux lois de l’Empire des Monténé- grins séjournant ou voya- | |
| geant dans l’Empire. J’insistais particulièrement sur cette dernière particula- rité et je finis par persuader les français qui avaient fait une proposition dans un sens contraire à la retirer. Salisbu- ry proposa et fit admettre enfin une clause assurant la protection des propriétés des Musulmans dans les pays qui seront annexés au Monténégro; on décida aussi que la clause concernant les vacants etc. contenu dans l’art. 11 du traité et qui concernait la Bulgarie seulement sera généralisée et enfin l’ordre du jour se trouvant épuisé on résolut de traiter dans la séance de demain la question Grecque, celle du Danube et l’indemnité. | |