Cela faisait des années
qu’il contemplait cette photographie
au dessus de son bureau.
Elle appartenait à une revue
qui mentionnait les sept pianos
de son enfance.
Malgré l’air sévère de Ludwig
son regard était touchant.
Il avait déjà écrit le Tractatus
depuis bien longtemps
mais il n’était pas certain
qu’il avait déjà pris sa grande décision.
Aussi dans l’incertitude
de ce raisonnement paradoxal
il avait décidé de le peindre
d’après la couleur de son carnet.
C’était une manière différente
de rendre hommage à la différence
mais aussi au génie de l’homme
qui n’avait jamais accepté
le conformisme affecté
de son propre maître.
Il était bien trop libre
pour supporter cela.
Il était bien trop singulier
pour être vivable.
Ainsi l’esquisse au fusain commença
sur une toile de lin de 20 points.
Il fallait bien cela
pour marquer la mémoire des hommes.
Les traits jaillissaient sans peine
comme s’ils étaient impatients
d’être recouverts d’une gamme de bleu.
Mais les différents verts
s’emparèrent du fond
à la manière des cieux de Vincent.
Quant au visage du philosophe
il acquit sa profondeur d’océan
dans la simplicité du bleu.