5658 - Sur le temps arménien

Ν. Lygeros

L’Arménie fait partie des pays du monde qui ont une histoire plus étendue que leur territoire. Même l’époque de la Grande Arménie n’est là que pour nous rappeler l’envergure de son passé. Certes ce passé n’est pas pour autant mort comme le souhaiteraient certains analystes et surtout certains ennemis. Cependant l’essentiel n’est pas là. Il nous faut réaliser l’importance des conventions et des traités signés par le passé, pour adapter notre stratégie pour le futur. Ainsi, nous nous devons de démanteler entièrement le traité de Kars afin de libérer l’Arménie indépendante d’une contrainte strictement soviétique. Il est nécessaire d’exploiter le Traité de Lausanne, non pas en raison de son caractère négatif envers nous mais au contraire pour exercer une telle pression afin de le rendre de facto inutile et même nuisible pour la politique de l’appareil turc. Cela doit être accompagné par la valorisation du Traité de Sèvres qui malgré sa non application n’en demeure pas moins une phase de réflexion stratégique. Ceci est non seulement dû au fait que l’Arménie n’était pas présente au Traité de Lausanne mais aussi en raison de l’absence de signature des États-Unis. Cela se combine aussi avec la nécessité de création d’un état officiel du Kurdistan dans la région du triple contact Turquie-Iran-Irak. Le temps arménien est dynamique et il permet de créer un lieu de résistance envers une barbarie inhumaine qui ne désire que le territoire de ses ancêtres sans tenir compte du fait que ce sont leurs os qui ont transformé cette terre en Arménité. Aussi le génocide n’a fait que renforcer celle-ci et non la diminuer comme le prétendaient les génocideurs. Tous ont tenté d’enterrer l’Arménité sans comprendre qu’il s’agit d’une graine qui vit dans le temps. L’élimination et la destruction systématiques ne sont parvenues à détruire notre peuple. Aussi les survivants sont d’autant plus dangereux car ils ont survécu au pire malgré la disproportion des forces en jeux. Il ne faut donc pas compter sur notre inertie pour négocier le temps arménien car c’est à travers lui que nous possédons notre mémoire du futur. Notre terre est avant tout temporelle, voilà l’essence du problème qu’affronte la barbarie.