5801 - Sur les revendications territoriales arméniennes

Ν. Lygeros

Comment un si petit pays, dans de telles conditions, pourrait-il revendiquer des territoires face à un adversaire si imposant ? La réponse est simple car l’exemple existe et il a été donné par les combattants de l’Artsakh. L’idée se base sur le schéma mental décrit par la phrase du philosophe Schopenhauer : « Nous pouvons faire ce que nous voulons mais nous ne pouvons pas vouloir ce que nous voulons. » Le problème est donc une question de volonté.

Certains Arméniens pensent qu’il est impossible de revendiquer ces territoires. Nombre d’entre eux pensaient la même chose pour les reconnaissances nationales du génocide des Arméniens. D’autres pensent la même chose pour la pénalisation de la négation. En réalité, cela n’a aucune importance pour la cause arménienne car d’autres, même s’ils ne sont pas nombreux, sont capables de réaliser leur vision malgré le scepticisme des leurs. Il existe de nombreuses causes qui permettent d’expliquer la position d’attente. Certains craignent le pire, d’autres sont lassés, d’autres encore sont découragés et puis il y a aussi ceux qui ont peur de l’échec, non pas de la cause mais de leur pronostic qui mettrait en cause l’ensemble de leur existence. Il n’est pas nécessaire de lire la Cerisaie de Tchékhov pour comprendre tout cela, car il ne s’agit pas d’effectuer une thérapie de groupe. Les visionnaires sont toujours attaqués par leurs compatriotes. Cela ne concerne pas uniquement l’Arménité mais l’inertie mentale.

Être un combattant pour la cause arménienne, c’est avant tout une question de mental. Car même la stratégie présuppose le mental. Lorsqu’il existe, elle permet de trouver une méthodologie pour le réaliser. Ensuite, il est même possible de passer au droit international. Mais cet ordre est indispensable, sinon l’action demeure un concept. Car la compétence est dépourvue de sens, si la volonté et le mental n’existent pas. Réfléchir sur la base du Traité de Sèvres n’est pas une utopie mais un travail de fond. Travailler sur l’invalidité du Traité de Kars, n’est qu’un intermédiaire. Exercer une pression insupportable sur le Traité de Lausanne, c’est un objectif stratégique.

Les compétences ne manquent pas dans la cause arménienne pour réaliser tout cela. Seulement il est nécessaire d’aller au-delà des frictions internes et des luttes de pacotille car elles ne mènent à rien. L’adversaire n’est pas un innocent. Il connait exactement les fondements de son entité. Et la barbarie ne l’effraie pas. Aussi, il est indispensable d’utiliser un mix stratégique et ne pas viser uniquement certains buts faciles et consensuels car ils ne représenteront même pas des étapes intermédiaires. Ce sont seulement des prétextes pour justifier l’inactivité. Alors que les revendications territoriales arméniennes représentent un objectif capable d’engendrer diverses stratégies pour faire prendre conscience de la réalité des choses. Voilà pourquoi, nous pensons qu’aller en Artsakh est une condition suffisante pour saisir la réalité de ce que la société précédente considérait comme une utopie dangereuse.