5860 - La convention et les dés

N. Lygeros
Traduit du Grec par A.-M. Bras

Antoine : Les enfants ne le comprennent pas ? 
Anne : Non. 
Antoine : Mais, comment est-ce possible ? 
Anne : C’est une question de convention… 
Antoine : Convention ? 
Anne : Convention et non pas connaissances ! 
Antoine : C’est-à-dire ? 
Anne : Prenons un exemple. 
Antoine : Bien. 
Anne : Disons que j’ai un dé. 
Antoine : Bon. 
Anne : Quelque part j’écris un nombre de un à six. 
Antoine : D’accord. 
Anne : Disons que je jette le dé. 
Antoine : Mentalement ? 
Anne : Exactement. 
Antoine : Et après ? 
Anne : Devine la suite… 
Antoine : Six ! 
Anne : Non. Faux… 
Antoine : Cinq. 
Anne : Bravo ! 
Antoine : Je l’ai trouvé ! 
Anne : Pourquoi te réjouis-tu ? 
Antoine : Parce que je l’ai trouvé. 
Anne : Mais, c’est accidentel. 
Antoine : Et alors ? 
Anne : C’est par hasard. 
Antoine : Et alors ? 
Anne : Faisons une autre expérience. Je vais écrire quelque chose d’autre.
Antoine : Bon. 
Anne : Devine alors… 
Antoine : Cinq. 
Anne : Non. 
Antoine : Trois. 
Anne : Non. 
Antoine : Deux. 
Anne : Juste ! 
Antoine : C’était le deux. 
Anne : Non. 
Antoine : Mais tu as dit que j’avais trouvé ? 
Anne : Bien sûr. 
Antoine : Mais alors je ne comprends pas. Quel nombre c’était ? 
Anne : Aucun ! 
Antoine : Tu te moques de moi ? 
Anne : Non ! Regarde ce que j’ai écrit. 
Antoine : « Le troisième essai sera le bon ». 
Anne : Tu vois, je ne savais pas quel numéro serait le bon. 
Antoine : Tu as raison. 
Anne : Ce que tu as trouvé est une question de convention et non de connaissances. 
Antoine : Je ne l’avais pas envisagé ainsi. 
Anne : C’est ainsi que nous faisons dans l’éducation… et même dans la religion quand nous n’examinons pas les textes.