Cette église était une véritable forteresse. Toute sa conception était basée sur la défense. Il faut dire que les pirates et les sarrasins n’étaient jamais loin de la côte. Aussi les hommes du village avaient décidé de bâtir la maison de Dieu pour qu’elle puisse abriter les femmes et les enfants. Au moment du danger, tous allaient se cacher dans l’église forteresse pour soutenir le siège. Tous attendaient patiemment la fin du raid avant de relever les ruines du village. Cela était devenu une habitude même pour les enfants qui avaient fini par considérer l’église comme leur seconde demeure à une époque où seuls les nobles comprenaient ce sens. Tandis que les hommes veillaient sur les créneaux et faisaient le chemin de ronde, les enfants contemplaient la finesse de la fenêtre du chevet, les pierres roses et dorées, et surtout la danse du feu dans le village. Avec le temps, ils s’étaient rendu compte que seule l’église forteresse gardait la mémoire du passé en son sein. Tout le reste avait changé par nécessité. Aussi la marque de leur passé car ils n’avaient d’autre territoire, c’était l’église forteresse des Saintes-Maries de la Mer, jusqu’à ce qu’un jour un peintre d’un autre siècle croisa leur souvenir.