6126 - Transcription de la lettre 1 de Paul Faure. (10/06/1993)

N. Lygeros

Paul Faure
(profr retraité de l’Université Bl. Pascal)

Paris, le Jeudi 10 Juin 1993

Monsieur et cher Collègue

En réponse à votre aimable lettre du 27 Mai et à la
savante communication d’Order 9,203-204 (1992) qui l’accompa-
gne, je ne peux que vous adresser un tiré à part de mon dernier
article imprimé, relatif à un mot décliné de l’écriture linéaire A
et vous prier d’aller consulter à la bibliothèque de la Maison
de l’Orient (Université de lyon II, je crois) les 5 volumes du
« Recueil des inscriptions en linéaire A » (sigle GORILA)
de Louis Godart et Jean-Pierre Olivier, édités par l’Ecole
Française d’Athènes de 1976 à 1985, soit un total de 1427
documents contenant 7147 signes, avec cette simple observation
que les auteurs ne suivent pas la même numération des signes
que moi-même (v. leur tableau au t. 5, p. XXII-XXVII) et que, comme
la plupart des chercheurs actuels, je suis la numération de
Giovani Pugliese Carratelli, Monumenti Artichi, 40, 1945,
col. 467-474.
Mon originalité consiste : 1°) à donner à 7 des signes du lin. A
déclarés particuliers, mais fréquemment employés, une valeur
solide, par comparaison avec les signes de deux écritures
syllabiques, l’une plus archaïque de formes (le linéaire B), l’autre
plus récente et dérivée du lin. A (le syllabaire chypriote classique,
dit C) : voyez mes articles des Etudes Indo-Européennes , nos 8, 20,
21-24, à l’Institut d’Etudes I.-E., 74, rue Pasteur, 69007 Lyon,
(Univ. J. Moulin, Lyon III), que je cite dans mon tiré à part, p. 89, n.1 ;
2°) à constater qu’une langue à déclinaisons en –owo et –ojo,

à datifs pluriels en –si, à instrumentaux en –pi (= φι),
à conjugaisons de verbes en –mi…–ti (ex. dadati, ajati, emi,
ondami, etc), à pronoms tonu, ekeno, autade, me…, à numéraux
two et deka, ne peut être qu’indo-européenne et non pas
sémitique, ni préhellénique, ce qui n’a pas de sens.
Tout dépend évidemment d’un plus grand nombre
de textes monumentaux et qui ne soient pas de simples
notations sténographiques de pièces comptables et de cachets
ou scellés, mais surtout de la lecture exacte et rigoureuse
de ces lignes du linéaire A qui prêtent à contestation.
Voilà 21 ans que je vérifie sur les originaux, en Crète
et en Grèce, et sur des photos diverses, les lectures des diffé-
rents éditeurs et qu’il m’arrive de constater des erreurs.
Les conclusions des ordinateurs ne valent que dans la mesure
où ces appareils sont correctement alimentés.
Excusez-moi de ne pouvoir vous en écrire plus, faute
de loisir et m’apprêtant à repartir en Méditerranée. Je
souhaite un franc succès à vos recherches et vous prie
de me tenir au courant de ce qui nous rapproche.

Με τα κρητικά μου αισθήματα
ευγνωμοσύνης κι αγάπης
P. Faure