6143 - Transcription de la lettre 6 de Paul Faure. (24/11/1993)

N. Lygeros

  Paris, 24 Novembre 1993
     Cher Collègue et compatriote
  En réponse rapide de votre bonne lettre du 20, voici 2
pages des Actes du 4e Congrès international d’études crétoises
( Ηράκλειο , 29 Αυγ. – 3 Σεπτ. 1976), tome 2, 346-347, où Nikolaos M.
Panagiotakis s’appuie sur ses propres recherches à Venise et celles
d’A. L. Vincent, parues dans – Θησαυρίσματα t. 7 (1970), p 52-62
sous le titre « Νέα στοιχεία για την Ακαδημία των Stravaganti .»
y sont donnés des ex. des poésies des deux frères Kornaros. J’ai
lu tout cela à Venise, à Athènes ou à Paris, sans pouvoir retrouver
aujourd’hui ce volume des – Θησαυρίσματα.
   Pour ce qui est de l’hellénisme, c’est-à-dire de langue des
minoens telle qu’on la lit en écriture linéaire A (de -1700 à -1450 environ)
je vous renvoie entre autres, à ce tiré à part des Cretan Studies, vol. 3
p. 89-95, que je vous envoyai à Villeurbanne le 10 Juin dernier. Disons,
pour simplifier, qu’il s’agit d’un dialecte grec proche de l’arcado-
chypriote le plus ancien et qu’il n’a pas en de peine à se mêler
au dialecte mycénien, apporté par les nouveaux colons et maîtres
de la Crète aux –XIVe et –XIIIe siècles. On en retrouve des traces
dans les inscriptions dites « étérocrétoises » ( v. mon tiré à part du 24/6/93)
et dans les inscriptions archaïques de la Crète centrale, à
Gortyne en particulier.
   Tant que mes adversaires ne voudront pas admettre
que L 61 (et 14) = jo, L 88 = wo, et L 1000b = no, ils continueront
à s’aveugler et à croire à un mythique « préhellénique », « pélas-
gique » ou « asianique ». Personnellement, je ne puis admetrre
qu’une langue où le signe two = 2 et le mot  deka = 10 et qui
possède des verbes en –mi, des déclinaisons en –ojo et –owo,
des pronoms comme me, tonu, autade, ekeno et des termes  
de parenté comme kerore, ija, paia, ma(te)… soit autre
chose que du grec. Contre les obstinés, je soutiens « graecium et legitur »
   Comptez les lignes de la table en lin. B de Pylos Tn 316
et vérifiez que je n’ai pas encore perdu le sens des nombres
et que j’admire Pythagore, initié de l’Ιδαίον άντρον et époux
d’une Crétoise, Platon, autre initié, et vous, si patient et si sympathique.

                                                             Παύλος Φοράκης