6179 - Transcription de la lettre 13 de Paul Faure. (04/06/1994)

N. Lygeros

Paul Faure                                                                 le 4 juin 1994

   Merci deux fois au moins, cher Nik (ηφόρος?)
pour vos intéressantes et spirituelles cartes
de Majorque, en date du 12 et 16 Mai.
Pour un théâtre taillé dans la roche, voyez
Syracuse. Et Dodone et Dion, et Athènes même (au flanc Sud
de l’Acropole). C’était si commode et si naturel ! cf. Pergame.
Cela impliquait à l’époque classique, que les
spectateurs, dominant de très haut les misérables
aventures humaines qui retentissaient de « pourquoi ? »
et de « hélas ! », étaient au niveau des dieux, aériens.
    Quand je pense que les Romains, ces stupides copieurs,
ont mis, sur et derrière la scène, des murs immenses
masquant le Ciel et la Mer, à Catane, sans parler
d’Arles, etc… ! Le plus beau théâtre du monde, le
plus juste, parce que le plus harmonieux, est
celui d’Epidaure, bâti en 2 temps de 375 à 335
avt J. – C. Et comment ne pas croire à la très Sainte
Trinité d’un Dieu à la fois Créateur, Création et Amour,
quand on voit les merveilles du génie grec ?
    Ne me faites pas parler de théologie. Laissez cela
aux Byzantins, bâtards de Rome et d’Alexandrie.
    Je ne veux connaître que la Parole, au sens hébraïque
du mot, qui est à la fois Ordre, Lumière et Acte.
    «Τα ιερά σπήλαια της αρχαίας Κρήτης», τα δικά μου,
πηγαίνουν σιγά σιγά. Μένω ο δικός Σας.
PF

P.S. Je viens de recevoir un tiré à part de J. P.
Olivier. Au dernier Bulletin de Correspondance
Hellénique (BCH 1993,2), il publie une courte
inscription en linéaire A, peinte sur le bas de
la robe en cloche d’une statuette d’argile trouvée
à Poros (port de Knosos, entre Katsamba et Iraklio,
à l’époque minoenne, -XIVe s.) Je lis, personnellement :
. We-ja-ti, a-sa-sa-ra-me/, càd qu’un(e) dédicant(e) a écrit :
(Moi) *Είατις  άφιέρωσα. Le nom m’est inconnu, mais
ce n’est pas celui d’U-ge-ti qui figure à côté
du même verbe sur l’épingle en argent de
Platanos, PI ZF1, très antérieure, malgré J.- P.
Olivier. Quand je vous disais qu’il faut lire
correctement les signes avant d’essayer de
les traduire ?
    Peu probable que j’aille vérifier in situ,
cette année. Les ans en sont la cause. La famille
aussi.

2e PS, Υ. Γ. Pour continuer le dernier § de la 1ère page :
le grand mérite des Grecs, et des pythagoriciens, ces
mystiques, en particulier, ce n’est pas d’avoir été
rationnels, logiques, amis du καθαρός λόγος, non,
mais d’avoir trouvé les limites de la raison, les
nombres irrationnels, par ex., le nombre d’or, l’harmonie
dans l’asymétrie et sans le dire d’avoir appliqué
la série de Fibonacci à leurs plus belles réalisations.
La beauté n’est pas logique et credo quia absurdum.