6186 - Transcription de la lettre 16 de Paul Faure. (07/09/1994)

N. Lygeros

                                                                                Cannes, 7 Septembre 1994

                               Mon cher Nik
    Votre gentille carte de Nauplie (16/8) et votre
intéressante lettre du Méridien Montparnasse, postée à
Villeurbanne (29/8), méritent des félicitations et des
remerciements. Et aussi une réponse à vos questions.
    Vous trouverez dans le dernier n° des Dossiers
d’Archéologie, le n°195 de Juillet-Août 1994, consacré
aux Mycéniens, les principes de classement des textes
ou tablettes en linéaire B, p. 4 : « ainsi les lettres A et B
regroupent les tablettes traitant des hommes et des fem-
mes », etc, et un « état des publications du Corpus des
principaux textes en linéaire B, p.  65, après un bon article
bien illustré de J. – P. Olivier sur l’économie des royau-
mes mycéniens. Personnellement, je suis convaincu
qu’on trouvera beaucoup d’autres textes quand on se
décidera à fouiller la Larissa d’Argos, véritable
capitale mycénienne de l’Argolide, la forteresse de
Nauplie, déjà mentionnée dans la liste des peuples
soumis d’Aménophis III (datée maintenant de -1350 !) sous
la forme Nu=piriya, et la Cadmée de Thèbes, par exemple.
    D’après Strabon (VIII, 6, 2) il y avait aussi à Nauplie
un labyrinthe, œuvre des Cyclopes lyciens, apparemment
les cavernes que l’on voit au sortir de la ville quand
on va vers Epidaure, et qui ont été partiellement fouillées
avec des restes mycéniens. Je ne fais qu’effleurer

cette question dans l’article publié dans les
Κρητικά Χρονικά, XVII, 1963 [parus en février 1966], p. 315-326:
«A la recherche du vrai Labyrinthe de Crètet », et
dont je n’ai plus de tiré(s) à part, et aussi dans
l’article que je prépare pour l’Histoire sur le vrai
labyrinthe de Minos, à Skoteino de la Pedias : voyez
Fonctions des cavernes crétoises (1964) p. 162-173.
    Plus je lis et plus je vieillis, plus je constate que
l’époque dite « mycénienne » de la Crète prit la suite sans faille
de la civilisation « minoenne » et fut la plus florissante
de toutes les époques de -1350 à -1200. Cette année
encore, Iannis Sakellarakis vient de découvrir un
grand ensemble de caractère artisanal (ou indistriel)
du –XIVe s, dit-il, près de la grande ville minoenne
de Ζόμι(ν)θος, sur la route de l’ Ιδαίον άντρον qui
n’a jamais cessé d’être le nombril de la Crète de -2000
à +555, au moins. Problème de démographie, non de guerre.
    Pourquoi le GGA ne contient-il pas plus de
dossiers ? Question de prix, question aussi de manque
d’infirmations. Je répondrais bien à votre question
par une autre : pourquoi les archéologues ne publient-
ils que rarement et tardivement le peu qu’ils ont
découvert ? Et pourquoi ont-ils si peur d’être
contredits par les faits, ou/et par leurs collègues ?
    Vous reconnaîtrez que je n’ai pas eu peur
de dire et d’écrire, depuis 1972, que le linéaire A
recouvre une forme de grec, proche de l’arcado-chypriote,
et que la Crète est éternelle, εις τους αιώνας των αιώνων.
Κριτικά, Κρητικά και φιλικά του Παύλου Φοράκη.