7319 - Le festin de Pierre

N. Lygeros

Sous un soleil de plomb, quatre coupes de champagne
s’entrechoquèrent au-dessus des beignets d’herbes aromatiques
aux fleurs de pensée et bourrache pour préparer
notre entrée dans l’Auberge de l’île Barbe.
À l’écart des autres convives, sur une estrade,
nous attendaient quatre verres de gaspacho de petits pois
et mélisse aux éclats de pamplemousse rose,
juste avant l’arrivée de la blanquette de grenouille
et févette, garnie d’une nougatine à l’ail doux.
Cependant la surprise vînt d’une lecture du chef
d’un écrit du centurion romain Lucullus
et en hommage à ce dernier, il nous proposa
une délicate royale de foie gras de canard.
Nous accueillîmes avec des verres de Chablis,
l’omble chevalier des eaux vives de l’Oron
à la peau croustillante dans une fricassée de mousserons,
puis nous tranchâmes avec un rubis de Saint-Émilion,
la selle d’agneau des prés salés de Saint-Michel
accompagnée de tomates cœur de pigeon en aigre-doux.
Pour conclure cet accord avec le consulat général,
nous dégustâmes une petite brioche mousseline
caramélisée aux fruits rouges et noirs
avec sa confiture de lait à la verveine.
Tel fut le festin de Pierre
avant la représentation de Dom Juan.