7354 - Le Juste et l’Île Barbe

N. Lygeros

Le vingtième jour du mois de septembre de l’an de grâce 1630, le roi Louis XIII écrivit de Lyon au cardinal de La Rochefoucauld. Il le pria de mener une enquête sur le cas des sieurs Claude Bucquet, curé de Saint-Pierre à Roye, Antoine Bucquet, maître et administrateur de l’Hôtel-Dieu de Montdidier, et Pierre Querny, curé de Saint-Georges à Roye, accusés d’avoir répandu de fausses doctrines et tenu des conventicules illicites. Cependant, le roi était malade et il n’était pas certain à cet instant que son ordre serait respecté. Son entourage était en plein désarroi face aux affres du Juste. Tout le monde priait apparemment en vain. Ainsi le 29 du même mois, le roi reçut l’extrême onction tant son mal était grand. La fin, plus que jamais, semblait proche et personne n’y pouvait rien. Et pourtant, le miracle eut lieu. Non pas, qu’il n’était point attendu mais sa réalisation surprit tout le monde dans l’entourage du souverain et plus que tout autre, lui-même. L’abcès intestinal creva et la guérison fut immédiate. Alors pour remercier Notre Dame de ce miracle royal et divin, les deux reines de France, Anne d’Autriche et Marie de Médicis, vinrent de Lyon, à pied, avec les dames de la cour, se prosterner dans la chapelle de l’île Barbe. Cet événement exceptionnel dans l’histoire de l’île aurait pu passer inaperçu dans celle de la France. Néanmoins, sans cela, le 10 novembre de la même année, ne serait pas devenu la fameuse journée des Dupes. Une grande partie de l’histoire aurait été totalement différente car le roi n’aurait jamais rien su des complots qui se tramaient dans sa propre cour sans l’instigation, entre autres, de ces deux femmes avides de pouvoir temporel. Le Juste survécut à sa maladie plus d’une dizaine d’années. Aussi il garda en mémoire cette île mystérieuse comme le passage dans une autre vie qui fut sa réalité et qui lui permit de transformer en bien le Royaume de France. Un Royaume où était en train de se développer le génie français en la personne de Blaise Pascal. Mais à cette époque, il était encore bien tôt pour l’affirmer.