Elle n’essayait plus de se souvenir. Elle avait construit sa mémoire à partir du parfum de son essence. Elle ne recherchait plus ses doigtés sur l’instrument, elle les connaissait par cœur. Cette aisance l’avait surprise et elle en était d’autant plus ravie. Car elle vivait ce qu’elle avait considéré comme inimaginable.
En touchant son essence, son âme s’était illuminée. Elle n’avait pas vécu de phénomène analogue. Ce n’était pas seulement un changement mais une métamorphose car son contact avait provoqué une bifurcation. Elle avait reconnu la nature de ce choc mental. Elle était caméléonienne.
Ce n’était plus une exception temporelle car elle vivait dans une pensée exceptionnelle qui avait traversé le temps pour la retrouver. Elle aurait pu se perdre dans ce siècle mais il avait réussi l’impensable. Il n’était pas seulement revenu, il l’avait retrouvée dans ce siècle qui aurait pu rester obscur sans l’inondation de sa lumière. Tel était le miracle qu’elle vivait.