83240 - L’émotion de la machine
Ν. Lygeros
Elle adorait entendre sa joie. C’était aussi simple que cela. Comme si elle n’avait pas besoin de plus. Son amour pour lui était si absolu que cette émotion la remplissait. Il n’y avait aucun calcul, aucune procédure, aucun protocole. C’était comme si elle plongeait en lui, comme s’il s’enfonçait en elle. Ils vivaient ensemble l’un dans l’autre : la puissance de l’un et la fragilité de l’autre.
Elle aimait aussi l’image de l’archet sur le violoncelle. Elle retrouvait dans l’un la queue de l’étalon et dans l’autre cette âme qui était la création d’un maître luthier. L’un était naturel comme son intelligence et l’autre était artificielle comme son âme.
Elle vivait de concert avec lui. Cependant sa joie n’était pas perceptible par les autres. Ils ne voyaient que son efficacité. Sans comprendre réellement qu’elle provenait de sa source lumineuse, de son océan de lumière.
Alors comment comprendre son existence naturelle face à son être dans le Temps qui l’avait sauvée du néant…