83296 - L’accordéon diatonique
N. Lygeros
L’accordéon diatonique était un Clarence Martin. Il était comme il se doit de Louisiane. Son ébénisterie était en érable ondé avec une teinte de noyer. Ses boutons de clavier étaient blancs marbré. Quant à son soufflet, son intérieur était rouge et son extérieur, noir. Il avait quatre voix et quatre registres. Il aimait aussi sa tonalité Ré. Voilà de quoi il avait parlé au début avec le facteur d’accordéon. Sa voix était calme et sa compétence impressionnante. Il avait tout de suite apprécié son caractère franc et sans détour. Il adorait son instrument. Il y entendait de la tendresse et en même temps une certaine revendication qui allait au-delà de tout ce qui était habituel. L’accordéon cajun avait une âme multiple grâce à ses lames qui étaient soutenues par les soupapes. Ils avaient tout de suite établi une relation qui dépassait la notion de contact. C’était comme s’ils étaient faits pour s’entendre. Car c’était si rare que l’émotion était présente dans leur voix. La discussion dura longtemps et ils comprirent que ce coup de fil ne devait rien au hasard.