835 - Le lexique comme objet cognitif

N. Lygeros

Il est certain que le niveau lexical est fortement connoté avec la culture et nettement moins avec l’intelligence surtout si nous ne considérons que la partie fluide de cette dernière. Cela ne veut pas dire pour autant que le lexique ne peut être utilisé comme objet cognitif. Le mot représentant un code, la théorie des mots peut être transposée en la théorie des codes. Au sein de celle-ci, il est facile de développer des motifs d’ordre combinatoire qui représentent des schémas mentaux qui sont plus proches de la notion d’intelligence fluide. Par ce biais, le lexique peut être exploité non seulement pour déceler des déficiences mais aussi pour analyser des compétences particulières. Car si nous considérons les codes détachés de leur contexte nous pouvons les utiliser comme un nouveau matériau de réflexion. Ainsi même la notion élémentaire de dictionnaire, une fois interprétée comme un arbre à deux niveaux, peut servir d’approche à la notion d’algorithme et même de sa complexité alors que ces concepts sont à juste titre considérés comme plus abstraits. Cependant nous nous devons d’insister sur cette idée car l’utilisation directe du lexique possède un plafond relativement bas en termes de quotient intellectuel. Alors que les modifications que nous proposons via la décontextualisation et la combinatoire permettent d’atteindre des zones plus extrêmes de la courbe de Gauss aussi bien pour les très hauts quotients intellectuels que pour les très bas étant donné qu’ils manipulent des schémas mentaux par nécessité plus profonds sur le plan cognitif. Une autre manière de procéder pour parvenir au même résultat c’est la contextualisation étrangère en mettant en place un nouveau lexique qui n’a que très peu à voir avec la langue maternelle, nous pouvons à nouveau étudier le comportement du testé dans un cadre plus formel et pourtant plus fluide car nous pouvons faire agir des principes de découvertes plus abstraits que la déduction et l’induction, par exemple, comme l’abduction, qu’elle soit hypocodée, hypercodée ou créative. Le lexique donc loin d’être une structure rigide, une fois la décontextualisation au contexte hier étrangère mise en place, peut se transformer en entité superfluide.