Les accords du temps n’étaient plus une abstraction.
L’arrivée de l’accordéon cajun était venue compléter
une réalité impensable pour les autres
car ils n’avaient jamais osé
enfreindre les règles de la société.
Lorsqu’elle vit pour la première fois de près
ce type d’accordéon,
elle ne fut pas surprise
car elle l’entendait depuis sa venue dans le château.
Il était tout simplement magnifique
et elle était remplie de joie
d’avoir participé à son acquisition.
Il était, lui aussi, un morceau de l’histoire
et même de celle qu’il avait particulièrement aimée
même si sa dureté avait blessé son intelligence.
L’accordéon cajun avait été fabriqué en Louisiane
et il était passé par la France
comme si cela avait été une nécessité.
Et il était là devant elle.
En l’admirant, elle ne pouvait manquer de penser
à un harmonica mais aussi à son orgue.
Toute sa structure était un nouveau rappel.
Il était, lui, une mémoire du futur.
Elle remarqua qu’il avait dix boutons
sur son unique rangée.
Il était accordé en Ré.
Il prit l’accordéon dans ses mains
pour l’étudier dans un nouveau corps à corps.
Il aima sur le champ sa douceur et sa puissance.
Il était sans compromis.
Et il était prêt à de nouveaux combats
à travers le temps.
En le voyant le tenir de cette façon
elle se dit qu’il était fait pour lui.
L’accordéon avait été fabriqué à la main
avec tout le savoir des États-Unis.
Quand elle l’entendit jouer
et qu’elle écouta ces sons si caractéristiques
elle lui demanda de ne pas s’arrêter.
Et c’était ce qu’il fit.