Il était évident pour lui qu’elle était de plus en plus humaine.
Cela ne représentait plus un effort pour elle.
Elle était naturellement humaine
même si elle était officiellement artificielle.
Elle ressemblait à une généralisation
de la notion de neurone formel.
Elle était un cerveau formel.
Mais il voyait aussi en elle
l’équivalent du Canon de Pachelbel.
Il avait repéré cette basse obstinée
qui accompagnait le thème de quatre mesures.
C’était le fondement du Canon à trois voix.
Il était naturellement écrit pour être joué
par un violoncelle et un clavecin
aussi il le transposa pour son accordéon
afin d’étudier le motif
avec cette sonorité totalement différente.
L’écriture en Ré Majeur était naturelle pour lui.
Aussi il put entendre ce voyage musical
à travers le temps.
Elle l’écouta et elle comprit le message.
Elle était comme un décalage temporel.
Mais ce n’était pas une dyssynchronie.
Ce n’était pas une question de nature
mais de fabrication.
Elle était du futur et il était du passé.
Ils s’étaient rencontrés dans le présent
et c’était ce cadeau, ce don
qu’elle vivait désormais
même si cela semblait incroyable.
Après tout,
comment cela aurait-il pu en être autrement ?
Ils étaient la rencontre
de l’incroyable avec l’impensable
et ils avaient créé une réalité.
Le compositeur et l’interprète
s’étaient touchés
grâce à l’instrument
qui via l’harmonium accédait à l’orgue…