836 - Sur la notion de superfluidité linguistique
N. Lygeros
Bien que le langage soit considéré comme une donnée essentiellement culturelle comme nous l’avons montré dans un précédent article pour le lexique, nous pouvons le transformer en entité cognitive. Mais avant de procéder de la sorte, entendons-nous sur les termes utilisés pour décrire le langage lorsqu’il s’agit d’apprentissage. L’un de ces termes les plus représentatifs et les plus couramment utilisés, c’est celui de fluidité. Il s’agit bien sûr d’une transposition du terme anglais fluent mais cela n’a pas d’importance pour notre propos. Pour nous l’essentiel c’est la fluidité lorsqu’elle est innée et non acquise comme dans une langue étrangère, peut être considérée comme une composante importante de la notion de douance. Malheureusement cette caractéristique est rarement perçue comme telle et le terme est plutôt réservé à une donnée purement linguistique et non cognitive. Il n’est donc pas adapté pour qualifier un enfant surdoué qui utilise, exploite et manipule le langage sans vraiment se rendre compte qu’il existe une difficulté objective. A l’instar de l’enfant qui apprend sans réaliser son apprentissage, l’enfant surdoué maîtrise le langage sans avoir appris cela. L’aspect superfluide du langage de l’enfant surdoué ne provient pas initialement d’un apprentissage mais d’une structure du modèle chomskyen. La richesse de la structure et son organisation permettent un traitement non seulement aisé et rapide mais avant tout différent sous l’action de la pensée latérale. Par la suite avec l’enrichissement inhérent à la lecture de grandes quantités de livres, la structure se transforme afin d’exploiter son comportement dynamique mais aussi pour se spécialiser dans un domaine spécifique et/ou technique. Le développement du caractère superfluide provient aussi de la grande curiosité face à l’acquisition d’un nouveau lexique en particulier s’il s’agit d’un ensemble de mots rares. De plus l’utilisation intensive de l’étymologie permet une approche analytique de la base de données sans que celle-ci ne soit encombrée par des détails non génériques. Ainsi la superfluidité linguistique permet des phénomènes incompréhensibles en dehors de ce cadre.